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SORTIES CD / DVD

Prayer for the Dying

MessiahsKiss
Messiah's Kiss

SORTIES CD / DVD

Fin mars 2002, Huber-Félix Thiéfaine devait achever sa tournée par deux concerts au Bataclan. Celui du jeudi 28 est chroniqué ici. Le lendemain, Vendredi Saint, HF sans voix pour cause de méchante grippe s'excuse et doit à regrets annuler le concert. Il sera reporté au 17 mai. En hommage et comme consolation pour les fans, il décide à l'automne 2002 de nous offrir un live imprévu : celui justement de ce concert du 28 mars, enregistré sans fioritures, puisqu'à l'origine ce ne devait être qu'une bande de travail, un témoin. Le témoin est devenu témoignage. À écouter d'urgence.
1er octobre 2002 : la vache folle est de retour ! Sortie du nouvel album de FREAK KITCHEN, "MOVE". Tournée prévue en février 2003. En attendant, fin octobre, tournée de promotion acoustique / dédicaces de Mattias IA Eklundh
5 août 2002 : Sortie du 10e album de DEF LEPPARD
début juillet 2002 : Sortie (enfin! en import) du DVD "ROCK IN RIO LIVE d'IRON MAIDEN (on patiente avec le double CD qui comprend 2 vidéos)
26 juin : sortie du nouveau CD de NIGHTWISH (concert le 2/9 à l'Elysée Montmartre)
27 juin : sortie du 3e CD de SOULFLY (Max Cavalera ex-SEPULTURA). Concert 5/7 Eurockéennes de Belfort, 7/7 Montreux, 11/7 Mutualité Paris, 12/7 Dour (Belgique)
28 mai : nouvel album studio de MANOWAR : WARRIORS OF THE WORLD UNITED

6 mai 2002 : sortie du double DVD + bonus CD de DIMMU BORGIR "WORLD MISANTHROPY".
mardi 26 mars : sortie du nouveau RHAPSODY. POWER OF THE DRAGON FLAME (suite et... fin ?) de l'assez interminable saga de la quête de l'Epée d'émeraude... Et dire que Luca Turilli et ses potes envisagent pour leur prochain opus de s'attaquer à Tolkien. Mamma mia /;-)! Mais on leur pardonnera, leurs pochettes, livrets et coffrets sont si beaux...

mardi 12 mars : sortie d'ULTIMA RATIO, le dernier album des Allemands de SUPERIOR, passés le 28/04 à l'Elysée Montmartre en première partie de VANDEN PLAS. Album-concept noir (et curieusement d'actualité) sur le thème très floydien du pouvoir médiatique, de la manipulation des foules et de l'intolérance religieuse. Michael Tangerman s'y montre aussi lucide et torturé qu'un Roger Waters. Une devise résume la thématique: plus que la malignité du berger, craignez l'ignorance du troupeau. Guettez aussi (sur le site consacré à l'album les textes, photos, vidéos et notes liés au récit. Les albums précédents (en particulier YOUNIQUE) avaient déjà montré la qualité et l'originalité du groupe allemand. Celui-ci confirme.
Dispo depuis le 12/12/2001 : (en VPC chez Nuclear Blast ou sur Fnac.com) du furieusement gothique CoF Live HEAVY LEFT-HANDED AND CANDID (DVD, concert + clips + bande annonce de CRADLE OF FEAR (VHS, film gore en 4 sketches avec Dani en tueur psychotique - un rôle de composition - entouré de ses pulpeuses copines.
Horreur sanguinolente et putréfaction verdâtre garanties.

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QUE DU BEAU MATOS...
samedi 14 décembre : MOB RULES et SHAMAN à l'Elysée


Après le passage récent de l'autre moitié d'Angra (qui a gardé le nom), voici le reste du groupe soit Luis Mariutti (épaulé désormais de son frère Hugo) et Ricardo Confessori qui avait suivi André Matos il y a deux ans pour former Shaman. Leur premier disque (éponyme comme dit le rockcritique qui se doit d'être cultivé) poursuit dans la veine musique prog et paroles trad qui avait inscrit Angra dans la tradition Maiden-Helloween-Savatage... Sous l'influence du producteur allemand Sasha Paeth, cette orientation s'accentue encore avec même une production qui lorgne carrément du côté des grands anciens - le Genesis de la haute époque, avec des solos de piano (Andre Matos) mais surtout des chorus de synthé et des nappes de clavier (Ricardo et Hugo, remplacés sur scène par Fabio Ribeiro) dignes de Tony Banks... Il faut dire que le départ des deux guitaristes du groupe avec l'ex-nouveau-Angra avait créé un certain trou mélodique. Désormais, donc, les claviers sont très présents et cela se vérifie ce soir pour ce concert de la tournée Ritual. André, de plus en plus sosie de Bruce Dickinson mais avec la carrure de Tom Cruise, dégage la même énergie, avec une voix d'une tessiture et d'une intensité toujours aussi réjouissantes (même au bout de deux heures, pas une trace de fatigue...), et le jeune frangin Mariutti se débrouille pas mal du tout, alternant avec aisance guitare électrique et acoustique (intro de For Tomorrow)
Ce soir, le concert était presque uniquement consacré aux titres de l'album Ritual mais avec quelques intermèdes instrumentaux (dont un triple solo de batterie de Ricardo), des reprises metal et bien sûr les incontournables morceaux d'anthologie de l'ancien répertoire que sont Angels Cry, Nothing to Say,puis retour au dernier album avec Over Your Head, retour avec Holy Land et surtout (au finale) Carry on...

En première partie, Mob Rules s'inscrit lui aussi dans cette même lignée, celle du power rock mélodique allemand. Un groupe sympathique, jeune et enthousiaste, mais à l'écoute, il est difficile de le distinguer des déjà presque anciens que sont VanDenPlas, Iced Earth, Hammerfall, Gamma Ray, Blind Guardian ou bien sûr, leur papa à tous, Helloween (Roland Grapow vient d'ailleurs leur dernier un coup de main en studio)... Jusqu'au titre de leur 3e album (Hollowed be thy Name) et à sa couverture, en forme de clin d'œil à double détente aussi bien à ce dernier groupe que bien sûr à Maiden. Si ce dernier disque est convaincant (ils l'ont du reste quasiment joué en intégralité, du morceau-titre à Speed of Life en passant par In the Land of Wind and Rain), sur scène, légère déception, Klaus Dirks, passablement essouflé (pour ne pas dire souffreteux, genre Ozzy Osbourne en fin de tournée) avait laissé sa voix en coulisse et à part Sascha aux claviers et Arved à la batterie, ses comparses n'avaient pas l'air plus frais. Dommage, car les reprises des deux premiers albums (Celebration Day, Lord of Madness, The End of All Days...) permettent de voir le chemin parcouru et l'étendue de leur palette mélodique (de la balade au folk en passant par le power et le prog-metal. Reste à transformer l'essai sur scène. Il manque peu de chose : une meilleure mise en place, un poil de sagesse et de retenue en moins...

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LA MORT QUI TUE ET LE METAL FONDU S'ETALE
mardi 10 décembre :
KATAKLYSM, HATE ETERNAL, IMPALED NAZARENE, IMMOLATION, MARDUK, SIX FEET UNDER
à la Loco

Pas une soirée pour les fillettes (même si l'on trouve de plus en plus de gentes dames fanatiques de black death gothique extrême, et on ne va pas s'en plaindre). Un début énervé avec les quatre Québecois dans le vent (et même la tornade) de KATAKLYSM qui n'eurent pas de mal à chauffer une salle déjà surexcitée. À peine avaient-ils entamé Shadow and Dust que ça slammait, stagedivait et pogotait partout. Après un bref temps de mise en place, le hardcore mélodique vigoureux (Illuminati) s'avérait convaincant.

Suivait HATE ETERNAL, un death noisy joué par trois espèces de Klingons furieux. À noter, des solos de guitare surprenants (pour ce genre de musique) et surtout un chanteur guttural à souhait dont l'organe d'outre-tombe semblait avoir été forgé par quelque dieu grec (Septic Flesh ou Nile... du reste, ils en arboraient les t-shirts).

On passait ensuite aux choses très sérieuses avec le punk-thrash-black des cinq toujours mauvais garçons finlandais d'IMPALED NAZARENE. Toujours fidèles au public français (habitué des changements de line-up, le groupe en revanche est toujours resté fidèle au petit label gaulois Osmose), les cinq Finnois ont donc entamé leur nouvelle tournée comme d'habitude à Lille pour enchaîner avec la Loco. Mine de rien, cela fait plus de dix ans qu'ils tournent et dorénavant, ils n'ont plus besoin de se déguiser en cadavres ambulants pour assurer. On note même qu'avec la sortie de leur dernier album (Absence of War doesn't Mean Peace leur musique s'est considérablement enrichie. En direct sur scène, c'est encore plus notable. La formation semble avoir trouvé désormais cette stabilité qui lui a toujours fait défaut.

Suit IMMOLATION, avec son chanteur bassiste émule du grand Lemmy et son répertoire typiquement death-hardcore new-yorkais dans la lignée de Clawfinger ou Machine Head, en lorgnant un peu du côté de Type O Negative.

Vient alors MARDUK, presqu'un an jour pour jour après leur dernier passage à la Loco. J'avoue avoir un grand faible pour ces grands méchants clowns noirs, face obscure de Kiss (ambiance: tendons l'autre joue ;-))... Même si cette année, ils en ont un peu moins rajouté dans les attitudes et les jeux de langue à la Gene Simmons, leur programme se résume toujours à ces trois réjouissantes festivités : Jesus Christ Sodomized, Bleached Bones an Ride with the Nightwind... Pourtant à les voir, on leur donnerait le bon Dieu (mais peut-être pas son fils) sans confession. Hélas, d'aucuns prennent encore ces facéties au sérieux et parlent de satanisme avec des trémolos dans la voix.

Bouquet final (ou couronne d'épines ?), SIX FEET UNDER, avec toujours la voix formidable de Chris Barnes, l'une des plus profondes et les plus expressives de toute la scène black/death... Ce soir, le super-groupe de Tampa, héritier direct d'Obituary et Cannibal Corpse nous a fait quasiment l'intégrale de True Carnage (leur dernier CD) avec ces titres qui sont déjà tout un programme : Impulse To Disembowel, It Never Dies, Waiting For Decay, One Bullet Left, Sick & Twisted Cadaver Mutilator ou Necrosociety mais aussi quelques "vintage" comme The Enemy Inside War is Coming ou Feasting on the Blood of the Insane...

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1 ARCHET, 2 VIOLONS, 4 COMPLICES, 5 CORDES, 60 BERGES ET 12 DOIGTS PAR MAIN
samedi 30 novembre : JEAN-LUC PONTY et son groupe au New Morning


À maintenant plus de 60 ans, le Normand émigré revient au pays, avec son ancien/nouveau groupe de world musique francophone et c'est un prodige. On sait que Ponty a su réinventer le violon de jazz après Stéphane Grappelli (ce qui n'était pas une mince affaire), en créant un son net, mat, sans vibratos ni fioritures, ce qui donne à ses interprétations une fausse apparence de simplicité (il faut dire que son éternel sourire y est aussi pour quelque chose) et lui permet d'aborder tous les styles - ce dont il ne se prive pas, ce soir encore il en a donné la preuve devant un public comblé (Ses apparitions en France et surtout à Paris se font si rares...). Ce soir, donc, après une attaque nostalgie avec Rhythm of Hope, extrait de Mystical Adventures - un disque de 1981 ! -, puis la célèbre Jig avec ses faux-airs folk irlandais gravement speedé, JLP a repris une bonne partie du répertoire qu'il a créé depuis maintenant une dizaine d'années avec son groupe. En particulier les titres de son dernier album studio, Life Enigma. On y découvre un Ponty qui mixe à la fois les influences rythmiques du jazz, du rock mais aussi de la musique africaine (ou antillaise, certains morceaux balancent comme du meringué), flirtant parfois avec la limite new-age (on retrouve sa période Atlantic... dans des titres comme Imaginery Voyage, No Absolute Time, Cosmic Messenger ou Enigmatic Ocean) et enfin l'expérimentation, y compris au violon midi, même si ce n'est pas le plus convaincant, ce genre de bidouille ne favorisant guère le jeu : Il faut jouer en pizzicati et détacher les notes pour sortir un son propre. Bref, autant piloter son synthé au clavier...

Mais finalement, là où il reste le plus enthousiasmant c'est encore lorsqu'il reprend son répertoire acid-jazz-rock, celui d'In the Fast Lane, réminiscences de sa grande période du début des années 80 (celle où Individual Choice donnait naissance à un clip mémorable (24 heures d'un panorama urbain en accéléré...) ou qu'il revient aux sources même de sa nouvelle tendance rythmique world. Avec en particulier des titres commeTchokola de l'album éponyme, avec un formidable travail aux percussions de Moustapha Cissé ou Mouna Bowa avec son bassiste fétiche, le Camerounais Guy Nsangué Akwa, souriant lutin du slap. Avec ses deux autres comparses, "petits nouveaux" depuis 4 ans - Thierry Arpino (le New-Yorkais de Lyon à la batterie et surtout l'étonnant William Lecomte qui se déchaîne sur ses claviers avec le frénésie d'un Ryo Okumoto, d'un Neal Morse, voire d'un Jerry Lee Lewis (pour le jeu de jambes...), Ponty a créé là sans doute sa formation la plus cohérente et la plus équilibrée depuis ses groupes américains. Pas de superstars comme George Duke, Stanley Clarke ou John MacLaughlin, mais des musiciens généreux et complices, redoutables performers qui donnent l'impression parfois d'avoir douze doigts à chaque main et surtout pètent la joie de vivre en musique.

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L'APPEL AUX ARMES DES GUERRIERS DU MONDE, DE LA LIBERTE ET DES DECIBELS
lundi 18 novembre : MANOWAR et BLUDGEON... sous Bercy

Bludgeon Sous Bercy ? Eh oui, car comme l'a expliqué Joey DeMaio, la législation française empêche son groupe de se livrer à fond dans une salle "normale" calibrée à 105 dB. D'où, une seule date en France, et dans ce charmant bunker sous le POPB. Mais il en faudrait plus pour faire reculer les headbangers et autres metalhead warriors.

Pour chauffer la salle, Bludgeon, quatre Américains teigneux (et produits par Joey DeMaio, tiens, tiens...) qui livrent un death metal extreme (limite grind-core vu le rythme) mais au son aussi puissant que propre - en particulier la basse quasiment jouée en slap de "E", alias Eric Karol. C'est sans doute lui du reste qui a fait craquer DeMaio. Mais les autres sont à la hauteur, qu'il s'agisse de Carlos Alvarez, guitare solo, Mark Duca, rythmique et voix death (puissante), et Chewy Dezynski, batteur cataclysmique. C'est bien simple, on les croirait venus de Norvège, plutôt que des States. Et de Zero Tolerance à Stained in Blood au finale, en passant par Tortured through Lies, Inner Hell et surtout le Crucify The Priest qui donne son titre à leur premier album (enregistré at home, sans overdub, sous la houlette de JDM), il n'y a rien à jeter.

Manowar Ils n'étaient pas revenus depuis plus de quatre ans (la dernière fois pour un concert quasi "unplugged" à la Cigale, en pleine coupe du Monde, c'était le 17 mai 98, puis rebelote le 30 juin). Ce soir, ils se contentent d'un Bercy-mini, la salle Marcel Cerdan, vaste crypto-bunker irakien sous les pelouses du Palais. À l'écoute de leur dernier album (Warriors of the World) on aurait pu redouter une tendance boursouflée-symphonique propre à laisser craindre une dérive à la Meat Loaf. Mais là en direct, ils se sont livrés à fond (en présentant leur set complet : éclairages massifs, tours métalliques, soucoupes volantes en tubes de métal brossé cachant des tonnes d'enceintes et de projos), sans oublier quatre choppers vrombissant, quelques jolies filles et sans doute quinze mille watts d'amplis (et comme toujours les blagues salaces de Joey). Faut ce qu'il faut.
Résultat, un concert monstrueux : le son du Manowar des stades et des pistes d'aérodromes militaires, dans ce bunker géant certes, mais bunker quand même. Et miracle le son massif, déferlant, quasiment solide, restait net, précis, sec et claquant. Et pour mettre tout ça en valeur, que des grands titres classiques, dans l'ordre presque traditionnel, avec juste quelques inclusions du dernier album : Manowar, Metal Warriors, Warriors of the World (et ses petites espagnolades, mais jouées les deux mains sur le manche, comme jamais Lagoya n'aurait pu l'imaginer), Sign of the Hammer, LE solo de Joey (avec sa version très perso du Vol Du Bourdon et sa façon incroyable de tirer bien plus d'octaves de sa basse que ne devraient l'autoriser les lois de la physique: en gros, des infrasons au contre-mi!, The Gods Made Heavy Metal, Hail and Kill... puis après une brève pause, retour, cette fois avec des guitares acoustiques pour quelques "balades"... dont Masters of the World et bien sûr la VF de Courage (la moindre des choses... et pourtant "it's fucking difficult, bros, to sing in French, you know!") et enfin, après quelques monstrueuses pétarades de chopper, un finale proprement apocalyptique où se mêleront comme de juste le vent, l'acier, le feu, le metal, le sang, la mort mais aussi la fraternité, la liberté et l'espoir. Avant que DeMaio ne fasse, presque cérémonieusement, claquer ses quatre cordes...

Et, en complément de programme, dès le 9 décembre, Hell on Earth Part II... avec un double DVD. Cadeau de Noël tout trouvé pour faire tomber d'un coup toutes les aiguilles du sapin. :-)

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LE BAISER DU MESSIE ET DE LA BELLE SORCIERE
MESSIAH'S KISS et DORO, dimanche 10 novembre à la Loco

MessiahsKiss Il est rare qu'un groupe s'affirme comme un grand dès son premier album. Il est encore plus rare que sur scène, il tienne (et largement) les promesses du CD. C'est le cas de Messiah's Kiss, Dans la lignée, ô combien classique (mais presque passée de mode...) du power metal mélodique à voix (et quelle voix : celle de Mike Tirelli, puissante et rauque à souhait nous ramène à la grande époque d'ACDC Saxon, Manowar, Savatage, avec des accents entre Paul DiAnno et Brian Johnson. C'est bon, c'est carré, les mélodies accrochent. Ils attaquent par le titre de leur album Prayer for the Dying, enchaînement sur Reign of Fire, Dream Evil, Light in the Black, Thunderball... et l'on s'aperçoit que TOUS les morceaux de cet album sont des tubes en puissance (comme à la grande époque de Maiden ou d'Aerosmith). En rappel, Blood, Sweat and Tears devant un public bluffé par une telle présence. Premier disque, première tournée, premier succès. Espérons qu'il y en aura d'autres...

Les mauvaises langues diront que Doro pourrait être un avatar teuton de Michèle Torr version sexy bodybuildé (et légèrement plus rock). Elle en a certes presque la longévité (plus de 20 ans de carrière, quand même...) mais la ressemblance s'arrête là. La blonde native de Düsseldorf est vite devenue une icône de la scène rock, tendance racines du métal classique, puissant et mélodique. Le metal de Saxon, Helloween mais surtout Judas Priest, Motörhead (son grand copain Lemmy...), Kiss (autre grand copain, Gene Simmons, à qui elle a dédié l'émouvant Legends Never Die
C'est que Doro Pesch est une des rares chanteuses de rock à s'être rapidement gagné le respect de tous les grands plus ou moins vrais faux machos de la profession. Amour et respect qu'elle leur rend bien, avec toujours (depuis le début) un faible pour les chanteurs bassistes (de préférence gauchers... MacCartney a donc encore une chance ;-)) avec qui elle a toujours travaillé (et qui l'ont produite, comme Simmons) et qu'elle se plaît souvent à inviter : Gene Simmons,donc, Lemmy Kilmister et dans son dernier album, le caverneux et ténébreux Peter Steele de Type O. Donc, rien que du beau monde. Mais il faut dire que cette diva (les caprices en moins, la simplicité en plus) le mérite bien, digne qu'elle est de côtoyer d'autres grandes dames du rock souvent plus célèbres qu'elle : Tina Turner, Pat Benatar ou surtout Bonnie Tyler.
Et le concert, au fait ? Parfait, comme chaque (trop rare) fois - la dernière, c'était au Dunois. Ce soir, c'était la Loco, toujours entourée de ses fidèles - certains depuis 20 ans comme son inséparable Nick Douglas (bassiste, et gaucher, donc)- Joe Taylor à la guitare ou l'infatigable Johnny Dee aux drums (qui ressemble de plus en plus à un Iggy Pop hypervitaminé). Après un petit détour américain-FM, Doro est revenue à ses racines depuis deux albums (Calling the Wild et Fight. Nul ne s'en plaindra. Mais à part White Wedding, les titres qu'elle a joués ce soir étaient soit ceux du dernier CD (Fight, bien sûr, mais aussi Legends Never Die, et surtout une pelletée de succès inoxydables, vieux parfois de 15 ans et plus, comme East meets West, Dance Demons, et l'inévitable All we are.

Après trois rappels, ne reste plus qu'à espérer le DVD et le live pour immortaliser cette tournée.

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WE'RE THERE TO KICK SOME FUCKING ASS
mardi 29 octobre : ANTHRAX et MOTÖRHEAD au Zénith

Anthrax En ouverture, vite fait, deux groupes français pour chauffer la salle. Son pourri. Dommage. Zombie Eaters: hardcore sans grande originalité. Ah si, une reprise de A-Ah version thrash death. Il fallait oser. Groupe suivant, tendance petitRedpetitHotpetitChiliqu'a pas peur. Bon batteur quand même, surtout sur ce morceau arabisant (Kashmirisant ?) Projet foncedé ganja aux trames plus complexes que le hardcore punk classique.

Anthrax : pas vus ni venus à Paris depuis longtemps (premier concert en 86 au Zénith, puis 2/92 avec Public Enemy avec un duo mémorable : Bring the Noise - comme dit John Bush, "si on avait su que ça allait inspirer une centaine de petits chili (peppers), on aurait peut-être hésité"...). Et pas de nouveau disque depuis 96 et Stomp 442 (encore sur le rideau de scène, c'est dire...) mais Bush en a promis un nouveau pour bientôt. Donc, concert avec des classiques, quelques nouveautés et un nouveau guitariste Rob Caggiano, qui s'est parfaitement intégré à la bande des 4. Et puis, pour fêter le public français, leur bonne vieille reprise d'Antisocial de Trust (versons une larme émue)
Dernier concert de la tournée avec Lemmy... (eux retournent aux US, Motörhead descend vers l'Espagne). Pour fêter ça, un dernier morceau (une reprise de Motör) avec d'abord Philip, puis Lemmy et même Mikkey pour jouer de la batterie à quatre bras avec Charlie Benante. Monstrueux et décontracté.

Hammered L'ambiance était donc toute chaude et moite pour THE trio anglais du vrai metal pur et dur mâtiné boogie rock and roll. Inusables, inoxydables après plus de 25 ans, les trois mêmes (Lemmy, Philp et Mikkey) attaquent avec (surprise ? Non, pas surprise) We are Motörhead et vont enchaîner les standards et les nouveaux titres de Hammered. En vrac : Civil War, Brave New World, Metropolis, mais aussi God Save the Queen (pour la punk nostalgie), Orgasmatron (pour la Hawkwinostagia), RAMONES (pour la Joe Ramonostalgia), Damage Case, Over Your Shoulder, Sacrifice avec un incroyable solo de speed power batterie de Mikkey Deed, et enfin, en rappel, alors que nous déboule des cintres un superbe bombardier quadrimoteur de 15 mètres d'envergure tout en tubes et projos, Bomber, Ace of Spades,et un ultime retour des potes d'Anthrax (You know me). Son parfait (intense, grondant, massif mais clair), musique parfaite (guitare, basse, batterie : on n'a pas fait mieux), éclairages parfaits (pas de poursuites ou de faisceaux, juste mâts et racks de projos et strobos). Le rock à l'état pur.

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IRON DREAMMAIDEN THEATER
DREAM THEATER, mercredi 23, jeudi 24 octobre à la Mutualité

666 Deux jours de concerts pour le World Tourbulence 2002, mais bien entendu, c'était le 2e soir que tout le monde attendait... pour la reprise intégrale d'un album classique.
Les pronostics allaient bon train. De The Wall (mais trop long...) à Operation Mindcrime (mais trop confidentiel) en passant par Abbey Road (mais déjà joué avec Transatlantic. Vu le nombre de t-shirts arborant Eddie, il était évident que Maiden partait favori. Après tout, c'est l'un des principaux inspirateurs du quintet de Brooklyn, pour leur tendance metal.

En guise de hors-d'œuvre, une heure et demie d'un set (presque) sans grande surprise (malgré une salle au son un peu trop révérbéré), alternant les titres de ces 5 dernières années, Six Degrees, Metropolis, Falling into Eternity - avec toutefois une pêche peu commune - on a même vu John Myung s'énerver et se lancer dans un duel avec Petrucci...- soutenue par un Portnoy décidément abonné à la triple batterie Tama - comme pour symboliser les trois tendances du groupe : prog, jazz et metal. Puis une petite pause et hop, tandis que résonne dans les enceintes la fameuse sentence biblique (Révelations XIII, 18), les jeux sont faits : l'album joué intégralement ce soir sera The Number of the Beast, chef d'œuvre de 1982, joué dans son intégralité (et dans l'ordre, bien sûr...) d'Invaders à Hallowed be thy Name, en passant par Children of the Damned, The Prisoner, The Number of the Beast ou Run to the Hills. Le tout sur fond de rideau de scène Iron Maiden (revu et corrigé), mais Mike Portonoy avait quant à lui un t-shirt original. Démonstration époustouflante, avec surtout un James LaBrie à la voix éraillée à souhait. On lui pardonnera donc les deux prompteurs... (Portnoy et le public connaissant mieux que lui les paroles), et son jeu de scène plus proche de celui de Paul DiAnno que des bonds et rebonds de Bruce Dickinson. Mais l'important était la musique, et là, Jordan Rudess (au clavier) a su parfaitement donner la réplique à John Petrucci pour reproduire les fameux duos de guitare Adrian Smith/Dave Murray. Incidemment, ce soir, on a encore une fois eu la preuve de l'importance grandissante que prend Jordan Rudess dans le groupe. Comble du délire (déjà grand) dans la salle, quand James LaBrie annonça que le set de ce soir était enregistré pour leur prochain live.

Donc, résumé, après 1h30 de Dream Theater, 1h30 de Maiden et, en rappel, encore une demi-heure de retour au répertoire du groupe, entre Pull me Under et The Spirit Carries On. Au total, trois heures de musique, trois heures de musique, trois heures de théâtre, de métal et de rêve.

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«MERCI BERCY MERCI BERCY MERCI BERCY»
mardi 23 octobre : RÖYKSOPP / MOBY à Bercy

Röyksopp Ouverture comme un chill-out (Röyksopp's Night Out), puis ça s'énerve avec l'arrivée du bassiste. Poor Leno, tube absolu du duo norvégien. Comme quoi il n'y a pas que le death metal dans les fjords. Un rien Daft Punk (pour les voix vocodées), un brin Kraftwerk (pour les rythmiques et les ritournelles), une touche Jarre voire Robert Miles (pour les nappes), Svein Berge et Torbjørn Brundtland font une musique électronique intelligente et raffinée, bien plus que ne le laisseraient paraître ses apparences techno-pop-rétro, qui mêle (c'est très mode, mais eux l'ont fait avant les autres) samples, rythmiques électroniques, sons numériques et bruits analogiques de machines qui ont jadis ému leurs parents - Korg MS10, MS20 et Vocoder. [Même si l'on pourrait regretter de les voir trop souvent les cantonner au patch classique LFO->VCF en oscillation + white noise => ring modulator / VCO up/down]. Mais que ces pinaillages de vieux musico ne vous empêche pas d'écouter leur album Melody A.M.
«JE VOUS PRIE DE M'EXCUSER :
CHAQUE FOIS QUE M.BUSH OUVRE LA BOUCHE,
J'AI HONTE D'ÊTRE AMÉRICAIN»
Moby, à Bercy
Long, le chemin parcouru depuis l'époque où le Little Idiot venait de NY faire ses facéties en première partie à l'Elysée. Déjà, il disait thankyou-thankyou-thankyou-thankyou d'une voix timide. Il le dit toujours (avec quelques mots de français, aussi), mais le gentil baba-végétarien a pris la dimension d'un formidable showman/chanteur/multi-instrumentiste, flashé par des dizaines de trackers et de varilights, parfaitement entouré d'une troupe multiculturelle (Cuba, France, Afrique du Sud, Royaume-Uni). Du trip-hop-remix, avec Why Does My Heart Feel so Bad, Natural Blues ou We Are All Made Of Stars et la superbe voix de gospel de Nancy Charlemagne. Classique, c'est son image de marque. Mais aussi, des ballades, des violons, du punk-rock, un hommage clin d'œil à son sosie Michael Stipes de REM, un clin d'œil hommage facétieux à Prince et au disco-funk. Prince, justement : pendant du lutin bondissant de Minneapolis, bondissant lui aussi, avec la même énergie et la même générosité... il y a 15 ans.
Moby Play

Little Idiot

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LE GROS BLUES QUI CRACHE
GARY MOORE & ZZ TOP, lundi 14 octobre au Zénith

Gary Moore Back to the roots, man ! Prenez quelques Fender Stratocaster bien vieillies (plus une Fender bass), une pédale wah-wah, de braves amplis Marshall,un micro Shure, une batterie Pearl basique (mais avec une Charleston de bon diamètre, ambiance jazzy). Réduisez les effets de lumière au minimum.
Oui, mais, mettez Darrin Mooney derrière les caisses, confiez la basse à Cass Lewis, les Strato et le micro à un rocker-bluesman irlandais éraillé... Gary Moore, par exemple. Pas de miracle, vous obtenez une heure de bonheur, bien râpeux, avec les titres, plus rock, de son dernier album Scars, mais aussi les classiques, plus shuffle-boogie-bluesy et bien évidemment, parenthèse bleue jouée sur une Gibson jazz demi-caisse, cette pépite pour nous dire qu'il a "still got the blues (for you)", joué en longues et lentes variations - beau comme les Feuilles mortes de Prévert et Kosma.

ZZ top Même ambiance sobre (vu les spécimens, on pourrait presque parler de minimalisme) avec les trois Texans : à part quelques paillettes, les ZZ font désormais dans la sobriété. Mais il faut dire qu'après l'hépatite C qui a failli emporter Dusty (et qui a provoqué l'arrêt de toute tournée pendant plus d'un an, le retard dans la préparation du prochain album et l'annulation de la tournée européenne en 2000), on avait hâte de les revoir... ils sont bien là, toujours pêchus, pour fêter leurs 30 ans de carrière (et même 33, 1/3 comme les vinyles, vu ce retard indépendant de leur volonté).
Comme pour la tournée Rhytmeen, cette tournée XXX back to the roots nous ramène près de 30 ans en arrière. Fini les lasers, les pom-pom girls, les guitares flashy et les décors pharaoniques de casino de Vegas (la dernière fois c'était pour la tournée Antenna). Juste quatre cactus en tôle et deux boules d'amarante en résille métallique, plus le petit bonnet de Billy, les petits doigts boudinés de Dusty, les baguettes magiques de Frank, et des micros vintage (trouvés dans une brocante) tout rhabillés d'inox, pour ce son de voix chaud et rocailleux inimitable  :l'essentiel, quoi, c'est-à-dire la musique.
Et là, retour au blues et au boogie bien gras, au rock sudiste pimenté de sauce mexicaine, avec de longues impros (parfois un rien brouillonnes mais en tout cas décontractées), et puis quand même, pour faire plaisir et remettre un peu de rock calibré carré dans tout ça, les incontournables, Rough Boy (mais joué plus nerveux) et surtout un enchaînement diabolique de Cheap Sunglasses, Give Me All your Lovin', Sharp Dressed Man, et surtout, surtout, Legs (avec là, quand même, les guitares en fourrure...)

Tout cela joué devant un public (hélas) bien vieillot bourgeois coincé, (à part quand même quelques vieux Harleyistes amateurs de bière, ça manquait un rien d'enthousiasme). Remarque à la sortie, pour situer l'ambiance : «je croyais pas que c'était aussi hard-rock» (sic).

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BRILLANT FERRY
dimanche 23 septembre : BRYAN FERRY et ROSIE THOMAS à l'Olympia

Bryan Ferry Passons gentiment sur Rosie Thomas, gentille chanteuse juvénile un rien soporifique derrière sa guitare ou son piano (épouvantablement mixé : c'est ça le plaisir d'une première partie...) mais accompagnée d'un discret guitariste aux glissandos synthétiques et aux effets de violon fascinants (mais mal mixés, eux aussi). Bryan Ferry qui a repris goût au live après avoir (presque) entièrement reconstitué Roxy Music l'an dernier (voir le DVD "Live at the Apollo"), s'est donc lancé dans une nouvelle tournée pour promouvoir son nouvel album Frantic, habile mix de compositions originales et de reprises parfois osées (à commencer par Don't think twice, it's alright, de Dylan, avec arrangement violon-harpe) ou Jealous Guy de Lennon.
Le concert de ce soir était dans cette tonalité, s'ouvrant en douceur (ambiance rétro gominée casino) avec Ferry en solo au piano, rejoint progressivement, d'un morceau sur l'autre par la harpiste, la violoniste, sax, guitare... pour enfin éclater sur le climat faussement pop simple et réellement rock-rétro-disco-jazz-groove expérimental de son groupe complet (12 sur scène, quand même...) rappelant les plus belles heures de Roxy Music, d'autant qu'on y trouve quelques têtes sérieusement connues. Même si Phil Manzanera est resté avec l'Roxy«ancien» Roxy estampillé ™ et que Brian Eno n'est pas près de revenir, on a retrouvé avec plaisir Paul Thompson aux dms, Chris Spedding à la guitare, sans oublier Colin Good, Julia Thornton and Lucy Wilkins... Seul regret, (irritant au prix des places), ce climat de concert service-minimum promotionnel... 1h 25, c'est un peu court. Même si ce n'était pas le but de l'opération, on aurait aimé quelques autres reprises de Roxy, Avalon, par exemple, histoire de ne pas ravaler la tournée au rang d'opération. (commerciale). Allez, beau Bryan, encore un effort, cela ne dérangera pas trop ta mèche d'éternel beau Brummel, on en redemande.

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LA MACHINE DURE...
vendredi 13, samedi 14 septembre : Hommage à SOFT MACHINE au Triton

Soft Machine Après avoir fini la saison en fanfare avec Magma, le Triton repart de même avec cet hommage à Soft Machine, celui de la grande période, celle de Soft Machine III et IV, dans les années 1970 et 71, à la charnière entre le rock dada-expérimental des débuts (Avec Daevid Allen, puis Kevin Ayers, Mike Ratledge et Robert Wyatt et le jazz-rock cérébral ultérieur (après le retour de Ratledge avec Allan Holdsworth). C'est la période où le Soft s'entoure d'une section de cuivres et de musiciens (Mark Charig, Nick Evans...) "empruntés" à d'autres groupes mythiques comme King Crimson... Excellement soutenus par les 4 compères du collectif "Polyson " (François Merville, Pierre-Olivier Govin, Jean-Rémy Guédon et Serge Adam pour assurer la batterie, la section de cuivre et les arrangements), Hugh Hopper et sa basse (et son inimitable flanger...), Emmanuel Bex à l'orgue Hammond et aux effets (pour rappeler les BO expérimentales, comme celle du spectacle "Spaced", à Londres), et enfin, en 2e partie, Elton Dean au sax, nous ont offert plus de deux heures d'un concert mémorable qui a débuté d'emblée par un flash-back de 32 ans avec le célébrissime Facelift qui ouvrait déjà le double album III avec une face entière live.
Puis s'enchaînèrent des morceaux des albums III & IV et quelques nouvelles compositions savamment orchestrées ou ré-orchestrées (Chloe and the Pirates..., Moon in June). Un plaisir rare (d'autant plus rare que ce groupe, aussi mythique que Pink Floyd, Gong ou Magma, s'est lui, fait des plus discrets, chacun de ses membres partant voler de ses propres ailes.
Anecdote, faut-il rappeler que Hugh Hopper y est du reste entré un peu par hasard parce qu'au bout d'un an de tournées (dont une en ouverture de Jimi Hendrix en 68), Mike Ratledge et ses copains étaient prêts à raccrocher. On a demandé à Hugh de prendre la relève au pied levé "juste pour un petit concert" à Londres... Et ce fut reparti pour dix ans (et pour le plus grand plaisir des fans).

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(NER)VŒUX NORDIQUES & NOCTURNES
lundi 2 septembre : CHARON, AFTER FOREVER & NIGHTWISH à l'Elysée Montmartre

Decipher Comme toujours avec Nightwish, les ouvertures de programme réservent de bonnes surprises... Il y a deux ans, c'étaient Eternal Tears of Sorrow et Sinergy. Cette année, deux bons crus, là aussi :

Charon, d'abord, jeunes émules finlandais de Manowar, bref un power-metal classique mais carré, bien servi par la belle voix du chanteur. En deux titres, la salle (comble) était chauffée (même si ce n'était pas trop dur, vu la température d'étuve).

la belle Floor Mais la toute bonne surprise est venue des néerlandais d'After Forever. Et pourtant, à leur arrivée sur scène, on pouvait craindre que le syndrome "Star Academy" avait frappé également la scène death-prog-gothic : une chanteuse sexy à voix de soprano (Floor Jansen), un guitariste à voix death (Sander Goomans, un clavier en nappes gothiques, deux guitaristes super-héros et un batteur baston. Or, After Forever n'a rien d'un clone de Nightwish ou ToT mais se révèle un groupe étonnant d'inventivité et de complexité mélodique, réussissant un surprenant mélange de death (on pense à Septic Flesh première époque) et d'atmosphérique (Tristania ?) sur une puissante assise de power metal inspirée des meilleures sources (et là, on pense à Doro...) avec de fréquentes dérives vers les rythmes et les arabesques harmoniques et vocales de la musique orientale (et là, on songe bien sûr à LedZep...). Il faut dire que nos six néerlandais se sont d'abord rodés avec des reprises (et encore ce soir avec The Evil that Men Do de Maiden !) avant d'exploser littéralement en deux albums (Prison of Desire, il y a deux ans, et aujourd'hui Decipher. Mais c'est évidemment la belle (et faussement fragile) Floor qui a déchaîné l'enthousiasme. Sous ses airs avantageux de Britney Spears, c'est une soprano d'une puissance vocale et d'une tessiture assez incroyable, passant avec aisance des feulements rauques aux contre-uts cristallins. On en redemande. Du reste, le public en redemanda et en eut avec "Temptation" en rappel. Des tentations pareilles, j'y tombe tous les jours.

Ocean Child On ne les avait pas revus depuis bientôt deux ans (dans cette même salle du reste). En cinq ans à peine, la belle soprano Tarja Turunen et son compagnon Tuomas Holopainen (toujours aux claviers) sont passés du stade de groupe prometteur, mais finalement plus sage que d'autres couples sulfureux nordiques ou germaniques - de Theatre of Tragedy à Lacrimosa en passant par Eternal Tears of Sorrow - à celui de rivaux symphoniques de Stratovarius (autres Finlandais notoires). Et pourtant, la concurrence est rude sur ce marché renaissant du metal symphonique, relancé par Angra, Savatage ou Rhapsody et qui semble avoir trouvé un terrain de choix dans les confins polaires sous les aurores, entre fjords et glaciers, elfes, lutins et Lapons : Sinergy, Children of Bodom, Sonata Arctica, To/Die/For... pour n'en citer que quelques-uns

Même si le nouveau bassiste, Marco Hietala apporte une voix heavy, à l'écoute de leur dernier album Century Child, la formation semblait rester sur sa trace - limite précieux grandiloquent (celle de Rhapsody, un autre de leurs modèles), voire n'hésitait pas à friser la pop commerciale et pompeuse (la reprise du Fantôme de l'Opera version Tim Rice/Andrew Lloyd Weber )

Or, sur scène, divine surprise : Tarja s'est muée de diva un peu gauche en rock star amincie, sexy cuir et nerveuse, le groupe a retrouvé le punch de ses débuts dans les boîtes de nuit finlandaises (voir leur premier DVD), avec le coffre et l'ampleur en plus. Bref, ça dépote. Un tournant heavy symbolisé du reste avec l'intermède offert par Marco, avec une reprise furieuse du Crazy Train d'Ozzy Osbourne... et si l'on excepte la reprise en rappel du nostalgique Sleeping Sun (la "chanson de l'éclipse") dédiée spécialement au public français (beaucoup avaient découvert le groupe à cette occasion), tout le reste du répertoire (des tout récents, comme Bless the Child ou Slaying the Dreamer aux antiquités comme Beauty and the Beast, en passant par l'incontournable Wishmaster, rappel final dédié au fan-club "local") fut joué sur un rythme heavy (mais toujours mélodique) évoquant Lacuna Coil ou Tristania, déchaînant l'enthousiasme et les ovations d'un public certes conquis d'avance, mais encore surpris par la qualité et l'énergie de cette formidable prestation. On attend avec impatience un DVD live de cette tournée !
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Saluons au passage le travail de l'éditeur français XIIIbis Records, qui distribue Nightwish en France depuis leurs débuts en 1997 (avec l'album Angels Fall First sur lequel on trouvait un inédit réservé au marché français, Once upon a Troubadour dont les sons de clavecins ne préfiguraient qu'une des facettes de ce groupe à (bonnes) surprises.

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PAR DELA LE MUR...
mercredi 19 juin : ...ROGER WATERS IN THE FLESH à Bercy

Programme Roger Waters a franchi le mur. Celui qui pendant près de quinze ans l'avait tenu éloigné du public, des fans, de la scène, quinze ans loin du bonheur de jouer et de faire partager ce bonheur. Dans ce long espace, trois disques indispensables, bien sûr - The Pros and Cons of Hitchkiking, Radio Kaos, Amused to Death -, une tournée confidentielle (Radio Kaos), un concert "benefit" pour Don Henley en 92 et surtout, surtout, LE concert historique de ces 30 dernières années, The Wall in Berlin, Alexanderplatz, le 21 juillet 1990.

Et pendant ce temps, les ex-, ceux de "Pink Floyd ®™" comme il dit ironiquement, continuaient de faire tourner leur grosse machine à stade, débiter de la musique hi-fi pour vieux cadres clean et engranger la Money. En partie sur son dos.
Et puis, enfin, 99 (côte Est) et 2000 (côte Ouest), 2001 (Europe, Russie) et 2002 enfin, ce dernier concert en Europe continentale, à Paris Bercy, avant l'achèvement, retour au bercail, l'Angleterre des origines - celle de Syd Barrett, éternel modèle (comme, à un autre niveau, son père et ses souvenirs de guerre, toujours intensément présents).

Par rapport aux deux tournées américaines (et par rapport au DVD), quelques modifications dans l'ordre des morceaux, un inédit au finale Flickering Flame, quelques petits changements de personnel (avec l'arrivée du fiston Harry aux synthés, de Norbert Stachel au sax, Chester Kamen à la guitare et Linda Lewis aux chœurs), mais toujours ce son 4D, ces superbes vidéos géantes sous forme de subtils enchaînements d'images (en particulier sur les photos inédites de Mick Rock, datant de l'époque Barrett, A Saucerful of Secrets), ces éclairages réduits aux projecteurs et aux poursuites (surtout pas de rampes et de grills clignotants dans tous les sens...), et bien sûr, pour l'entourer, les vieux compagnons de route, présents parfois depuis le premier disque solo ou le concert de Berlin - Andy Fairweather Low à la rythmique, Snowy White à la guitare solo, Graham Broad aux drums et les somptueuses PP Arnold et Katie Kissonn aux chœurs.

Émotion intense, lorsque Waters entame sur In the Flesh puis parcourt The Wall avant d'enchaîner sur une anthologie de titres puisés dans son répertoire floydien (Get your Filthy Hands off my Desert, Southampton Dock (The Final Cut, album presque solo tant il est déjà personnel...), Pigs, Dogs (Animals) et surtout un retour à 1967, à Set the Controls for the Heart of the Sun (A Saucerful of Secrets). Souvenir perso: la première fois que je l'ai entendu le jouer live, c'était fin 69 ou début 70 au Théâtre des Champs-Élysées. Émotion toujours quand il achève la première partie sur des extraits de Wish you Were Here et la longue et belle suite de Shine on You, Crazy Diamond, hommage à Syd, qui s'achève symboliquement sur un diamant tournoyant avec lenteur pour jeter ses feux sur la salle

Au retour, après l'incontournable Money, retour à la discographie solo avec Every Stranger's Eyes (Pros and Cons) et surtout de longs passages d'Amused to Death (The Bravery of Being out of Range, It's a Miracle, Amused to Death, Brain Damage et pour finir la symphonique Eclipse. Puis, en premier rappel, comme un testament narquois sur ce qui faillit lui arriver à une certaine et sombre époque : Comfortably Numb avant de revenir, sur une balade inédite, chanson d'amour et de liberté, Flickering Flame, comme pour souligner une dernière fois, que cette fin de tournée était sous le signe du simple plaisir de jouer, en chair et en os, sous le ciel et les étoiles. Magique.

DVD Pour ceux qui n'auront pu y être, rien de tel que la vidéo du concert In The Flesh (DVD NTSC Zone 1, Dolby 5.1, chansons sous-titrées), enregistré à Portland, Oregon, à la fin de la tournée 2000. Plus de 2 heures et demie de bonheur, partagé entre une première partie "floydienne", conçue comme un vibrant hommage à Syd Barrett (The Wall, Animals, Wish you Were Here, Shine on, you Crazy Diamond...) enchaînée sur leur chef d'œuvre de 1967, Set the Controls for the Heart of the Sun. Puis après les inévitables Time et Money, Waters entame son itinéraire personnel avec de longs extraits de deux de ses albums (The Pros and Cons of Hitch Hiking et Amused to Death. Pour ce concert diffusé en multiphonie (et parfaitement enregistré en numérique 6 canaux), R.W. est soutenu par un groupe idéalement équilibré, formé de vieux potes - Snowy White, Andy Fairweather Low, Graham Broad -, de pointures du blues et du jazz - aux claviers, Andy Wallace et aux chœurs, PP Arnold, Katie Kissoon et Susannah Melvoin, la sœur jumelle (hmmm !) de Wendy (de Wendy et Lisa, ex-musiciennes de Prince) - avec enfin deux jeunes prodiges (John Carin et surtout Doyle Bramhall II, guitariste solo et sosie de Jim Morrison)... Pas à dire, alors que David Gilmour se prend pour un vieux crooner unplugged et en effet gravement débranché, Roger Waters a poursuivi et entretenu la voie du vraie Floyd en y ajoutant son message politique (contre la guerre manichéenne et stupidement médiatisée, que ce soit aux Malouines, en Irak ou au Kosovo... et sa vision toujours ironique et désabusée (It's a Miracle et sa charge contre les niaiseries Lloyd-Webberienne) pour conclure sur le déchirant Each Small Candle.

Bientôt, promis, (enfin... la sortie était prévue en 2000), Ça ira, son opéra sur la Révolution française d'après un livret d'Etienne Roda-Gil, enregistré avec plus de 80 musiciens, qui va sortir chez Sony Classical, mais aussi de nouvelles compositions, et une nouvelle tournée.

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DE ZEUHL WORTZ FUR Dï HëL KOBAïA !
mardi 11 au samedi 15 juin : Magma au Triton

Après les XXX ans au Trianon (mai 2000) et les passages au Sunset, encore une série de concerts rares. Magma presque en privé, avec un son presque acoustique... et un répertoire d'inédits ou de titres rarement joués en public (l'incantatoire Gamma Anteria, par exemple) - des compositions du bassiste Philippe Bussonet, des morceaux charnières comme Kah, mais avec quelques classiques comme Dondaï ou Köhntarkösz, joué en ouverture. Mais l'ambiance est plutôt jazzy (batterie Gretsch minimaliste pour Christian Vander qui joue "club"), parfois funky ou prog, mais surtout chorale : une bonne partie des "voix de Magma" sont en effet là avec bien sûr Stella Vander et la fidèle Isabelle Feuillebois (qui fut aussi de l'aventure Offering), mais aussi Imiko et Antoine Paganotti - devenu le digne successeur de Klaus Blasquiz... il relaie même Christian derrière les fûts quand ce dernier chante... Et quel chant ! En dehors d'être LE batteur de ces trente dernières années, un perfectionniste toujours en quête du "chorus suprême", en dehors d'être un fabuleux compositeur-orchestrateur et mélodiste, Christian Vander est peut-être surtout un formidable chanteur capable de mêler incantations mystiques, envolées lyriques et scat jazzy, tout cela avec une puissance vocale et une tessiture d'une étendue à faire pâlir toutes les voix de la scène rock ou metal.
Avec Emmanuel Borghi au piano et Jams MacGaw à la guitare, on retrouve là une formation de Magma (celle déjà vue au Trianon) qui n'est pas sans rappeler celle de la "haute époque" à la charnière des années 75 celle ou autour du noyau Vander/Blasquiz se succédaient des pointures comme Bernard Paganotti, Janik Top, Francis Moze à la basse, Benoît Widemann, François Cahen, Gerard Bikialo, Michel Graillier aux claviers... et quand débutait un jeune violoniste de 17 ans nommé... Didier Lockwood.

PS: et sortie, le 29/8 prochain de l'album Les Cygnes, attendu depuis... pfff, l'Arlésienne, au moins. :-)

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A NIGHT AT THE ELYSEE :-)
lundi 10 juin : Nightmare + Blind Guardian à l'Elysée Montmartre

soirée prog-metal-pompier avec les quatre Teutons symphoniques de BLIND GUARDIAN, accompagnés - quand même - d'un clavier et d'un bassiste, mais dans l'ombre, et sans qu'ils daignent les présenter - pour les crédits, voir le dernier disque : Mathias Wiesner (kb), Oliver Holzwarth, (bs).
Pas à dire, depuis leurs débuts il y a plus de dix ans, avec Battalions of Fear, leur rock s'est épaissi (pour ne pas dire plombé-pompier). Heureusement que sur scène, l'énergie et la finesse reviennent un peu (avec entre autres les duos de guitare Andre Olbrich/Marcus Siepen).
Et pourtant, c'est quand ils se démarquent du gentil magma prog-italo-germano-symphonique qui de Gamma Ray à Rhapsody en passant par Edguy, Iron Savior, Rage ou Grave Digger reste gravement marqué par la SF ufologique, la fantasy celto-médiévale en général et Tolkien en particulier (Tales from the Twilight World ou Nightfall in Middle Earth) qu'ils se démarquent enfin et font preuve d'originalité. Par exemple lorsqu'ils osent les ballades (Bad Song) voix/guitares à la Jethro Tull. Ne serait-ce que par la voix de ténor d'Hansi Kürsch dont le riche vibrato mélodique n'est pas sans rappeler celui de Ray Thomas (mais oui, le chanteur flûtiste des Moody Blues)... Mais pour le reste, Blind Guardian est un gentil groupe aux gentils musiciens qui boivent sur scène du thé glacé (Lemmy en ferait une crise d'apoplexie) et remercient sans cesse leur "amazing audience". C'est sympa. Et c'est gentil.

Non, la vraie surprise et le vrai plaisir, c'étaient les Français de NIGHTMARE. Passés (entre autres) au Dunois lors de leur tournée Cosmovision en octobre 2001 et habitués des premières parties, ils ne devraient pas tarder à monter en tête d'affiche - ce qui leur évitera, comme ce soir, le handicap d'une balance "première partie", hélas un peu sourde et brouillonne.
Leur disque Cosmovision avait été une révélation (et que des pointures comme Stéphane Rabilloud ou Patrick Rondat n'aient pas hésité à jouer avec eux prouve qu'ils ont largement la confiance de leurs pairs), ces cinq métalleux français réunis autour des frères Jo (vox) et David (dms) Amore, livrent un heavy metal qui dépasse le cliché clones de Maiden (comme naguère Dyslesia fut clone d'Angra), même si les t-shirts et surtout le jeu de basse, le look et jusqu'au jeu de scène d'Yves Campion (manche vertical et pied crânement posé sur le retour) pourraient le faire prendre pour le petit frère jumeau de Steve Harris.
Sans parler bien sûr du répertoire (The Church, Necropolis, The Cemetary Road, The Spiral of Madness, Kill for the New Messiah ou - en rappel - Last Flight to Sirius) qui n'est pas sans rappeler fortement les maîtres du British rock grande cuvée (celle de Powerslave à Seventh Sons). Avec le même capital de sympathie et d'enthousiasme communicatif avec la salle. Plaisir, énergie, rythme carré et bien en place, mélodies qui restent aussitôt dans l'oreille et s'imposent avec cette évidence de standards immédiats qu'on a l'impression d'avoir toujours connus, que demander de plus ?


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GET UP AGAIN, VIVA LA RESISTANCE Y LA REVOLUCION
mercredi 29 mai : Flaw, MushroomHead & Illniño à l'Elysée Montmartre

Flaw : bonne surprise. Pour leur tournée Through the Eyes, ils se révèlent déjà les nouveaux héritiers de Faith No More. Même si la voix n'est pas encore celle de Mike Patton, leur musique est en effet un hardcore qui oscille entre le mélodique limite incantatoire (One More Time) et un grind rap énergique (Get Up Again, Payback) avec une présence scénique parfaite : En trois-quarts d'heure, ils sont passés de groupe de lever de torchon devant un parterre vide et morne au groupe phare qui fait sauter, chanter et slammer une salle pleine. Rare.

MushroomHead : Dès la préparation du décor, même ceux qui ne les connaissaient pas encore ont dû pressentir que cela sortirait de l'ordinaire. Et c'est vrai que ces huit garçons (2 guitares, 2 synthés, 2 chanteurs, 2 assises rythmique basse/batterie) ont sévèrement tapé dans le stock de petits champignons mexicains. Entre masques de cuir Slipknot, accessoires Residents, costumes (gabardine, brassard, tenue paramilitaire) et jeux de scène nettement estampillés Worms from The Wall (avec du reste au final un extrait pêchu de Roger Waters, pour qui n'aurait pas noté l'influence), et ambiance électronique nettement hardcore-indus (Nine Inch Nails et surtout Rammstein ne sont pas loin) avec des textes qui évoquent le dernier Superior, il y avait de quoi se régaler... Dommage qu'en définitive, derrière le théâtral, l'interprétation reste un rien brouillonne et la musique sans grande originalité.

Pour IllNiño, pas de surprise (bonne surprise) depuis leur dernier passage, les Brésiliens du New-Jersey ont toujours la même énergie communicative, emmenés par Cristian Machado (vox) et surtout le redoutable Dave Chavarri (dms, ex Pro-Pain), efficacement soutenu par Roger Vasquez aux percus. En attendant un prochain album, ils nous en font donc toujours l'intégrale, de God Save us à Revolution/revolucion en passant par No Murder ou I Am Loco.
Sur la fin, ils seront même arrivés à faire disjoncter le secteur, avec une version de Liar hyper-énergique, mais tout n'est pas perdu, ils reviennent en septembre.

Remarque des-abusés de service : dans toute cette gentille foule de jeunes qui levaient le point et criaient férocement Revolucion ! combien votent Chirac ou pire ? Voire ne votent pas.

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SOIREE (e)X
lundi 13 mai : Last Rites + Genitorturers + DKay.com à la Loco

Dernière soirée D-Side à la Loco, et soirée (e)X :

eX-Fields of the Nephilim avec Paul et Nod Wright et leur nouveau groupe Last Rites, eX Die Krupps avec Jürgen Engler et son nouveau groupe DKay.com et (surtout ?) X tout court avec Genitorturers et son show en comparaison duquel les performances d'Alice Cooper, Cradle of Filth et Marilyn Manson passeraient pour un gentil spectacle de patronage.

Last Rites d'abord.

Evolution logique somme toute : il y a dix ans déjà la new wave de Nephilim flirtait avec le hardcore, - songeons à l'album Elysium, par exemple - Last Rites représente comme un aboutissement ; les textes rappellent toujours Nick Cave, le climat Joy Division et la scène dark-wave britannique, mais la musique s'est dépouillée pour gagner en énergie. C'est manifeste sur scène. Et Paul Wright a cette aura sombre d'un Iggy Pop déclamant des poèmes de Jim Morrison.

DKay.com enfin.

Jürgen Engler est une bête de scène. Comme Henry Rollins, dont il a les jeux de scène énervés, ou bien sûr son vieux double Till Lindemann de Rammstein - ce n'est pas un hasard : n'oublions pas qu'il leur a composé Tier) dont il a la carrure, Jürgen est capable de réveiller une salle (en l'occurrence les survivants des Genitorturers sur le coup de 2 heures du matin) et alternant les titres du nouvel album ("Deeper into the Heart of the Function") avec des titres comme "Hell is Heaven", un hommage à Bryan Ferry ("TO BF") et une pelletée de classiques de Die Krupps - "Isolation", "The Final Option", et surtout le sublime "Fatherland" contre le racisme, le nazisme,l'aveuglement et l'intolérance, avec en reprise au finale, "Drag me Down" (sur le nouveau Last Rites) et pour finir en beauté, une version speedée de l'incontournable "Bloodsuckers" (sur leur deuxième die Krupps).

Mais entretemps, en sandwich sexy, Genitorturers

Ici, pas d'Ex, mais quasiment du X. (Résultat : chaque fois qu'ils passent à Paris, le set ne commence qu'après minuit. On se croirait sur Canal +). La dernière fois, c'était il y a déjà un bail, au ReX-Club, le show était déjà hard-core (et même hard-gore). Ce coup-ci, moins de gore (on n'a crucifié personne...) mais toujours un spectacle dans la filiation directe de l'Alice Cooper de la grande époque, mais là, pas de poupée gonflable, rien que du vrai, avec toute la panoplie d'accessoires spécialisés (godemichets high-tech en métal brossé qu'on dirait dessinés par Philippe Starck, martinets, pinces, crochets, piercings, poires à lavement, lanières, chaînes, cuir, bibles et crucifix, avec dans le domaine un humour et une inventivité certaine (on aura apprécié un croisement spectaculaire de chapelet et de boules de geisha, démonstration à l'appui... ainsi que l'original Chupa Chups stérilet, là aussi avec démonstration en gros plan.
Et la musique dans tout ça ? Comme Alice Cooper, Kiss, Cradle of Filth ou Marilyn Manson, Genitorturers est aussi et surtout un formidable groupe de rock et pas uniquement une performance théâtrale extrême. "Sin City" (sur l'album éponyme, sorti en 98) a l'évidence d'un classique du hard-rock, tout comme "Touch Me" ou "Terrorvision", ou le tout nouveau "Flesh is the Law". Evil D est un redoutable bassiste et la belle Gen aurait mérité de s'appeler Marilyn Manson. Elle en a le charisme, l'énergie, la voix... et elle est quand même autrement plus sexy ;-)
En mai, soirées D-Side à la Loco avec concerts black/death/gothic et soirées métal-indus, gothic, electro, darkwave..., avec deux rendez-vous incontournables : THEATRE OF TRAGEDY le 7 mai et LAST RITES (Paul et Nod Wright de FIELDS OF THE NEPHILIM, DKAY.COM (Jürgen de die Krupps) et GENITORTURERS le 13.
Un regret : rentabilité oblige, les concerts avec trois pelés et quatre tondus ravis de pouvoir découvrir un nouveau groupe ont définitivement disparu, là aussi. Pas assez de locations, on annule... Ainsi, certains mouvements (comme le death atmosphérique, le dark mélodique, le gothique symphonique) n'arrivent pas vraiment à décoller en France, faute de tournées rentables. Et donc, annulation du concert de MORTIIS à la Loco le 15 avril, pas de tournée de LACRIMOSA en vue. On peut toujours se rabattre sur le catalogue et la VPC de leur éditeur, Hall of Sermon.


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VAMPS ET VAMPIRES
mardi 7 mai : Theatre of Tragedy, Ram-Zet, Entwine

Depuis bientôt dix ans, la belle Liv Kristine Espenæs et son compagnon Raymond I. Rohonyi ont créé un genre à part dans la galaxie du rock scandinave, une sorte de "gothique chic", lyrique, théâtral, raffiné, aussi travaillé au niveau du concept que les anglais de Cradle of Filth (eux aussi, leurs t-shirts et leurs affiches sont presque plus célèbres que leurs disques) ou le duo Mylène Farmer-Laurent Boutonnat. Mêlant voix death et séraphique, ange et démon, envolées lyriques et rythmique lourde, roses noires et robes blanches, contraste qu'on retrouve jusque dans les pochettes de leurs albums, Theatre of Tragedy est devenu le modèle de tout un courant qui a fait renaître la vamp dans toute sa duplicité étymologique vamp/vampire et qui va de Lacrimosa à Nigthwish, de Lacuna Coil à Dreams of Sanity en passant par l'Âme immortelle, Charisma, The Sins of Thy Beloved, Tristania, Sinergy, Beseech, Septic Flesh ou Ram-Zet...
Depuis deux ans, ToT a opéré un virage électro (comme d'autres auparavant, Covenant ou Tiamat...) avec l'album Musique (et la tournée qui l'a accompagné - concert au Dunois en janvier 2001) fortement marqué par l'influence Kraftwerk (hommage avec des titres comme Machine, Radio, Musique, en anglais, en français ou en russe, autre clin d'oeil aux 4 de Düsseldorf). La sortie d'Assembly poursuit dans cette veine qui flirterait presque avec une techno-pop anecdotique si sous les textes faussement dégagés et légers ne revenaient les mythes habituels du groupe, la femme fatale, le théâtre de l'illusion, le jeu de la séduction, remixés cyber-techno.
Et puis, surtout, sur scène, le Theatre a su retrouver son jeu magique et, mêlant habilement tous les titres du répertoire, retrouver son image à la fois noire et sexy, à la fois puissante et dansante, love and death metal avec ces respirations sublimes comme, parenthèse presque a capella, la Reverie sussurée par Liv Kristine.

En première partie, Ram-Zet.
Ils sont tout jeunes, et sous des dehors "j'en fais un max dans la frime gothique-sexy" qui pouvait laisser craindre le pire (une violoniste chanteuse en robe de velours violet, chanteuse flûtiste sexy fringuée en wonder-vamp à mini corset de cuir lacé noir, bassiste en robe et chanteur livide, surprise de taille : leur musique est autrement plus complexe que ne le montrent les apparences. Choeurs scandés sur une rythmique entêtante évoquant Magma, les syncopes, breaks et harmonies à la King Crimson : guitare fluide ou saturée, violon, clavier au son de Mellotron, - oscillant entre la violence saturée de Schizoïd Man et les envolées déchirantes de Starless. Ils n'en sont qu'à leur deuxième album (Escape), moins jazzy expérimental que le premier, plus death-gothique classique, mais la richesse harmonique et rythmique, la complexité de construction des morceaux est toujours au rendez-vous.
Par comparaison, Entwine (eux aussi, deux albums seulement, le dernier Nothing left to Say), reste plus classique même si l'on doit apprécier le travail vocal du chanteur, entre Marilyn Manson et Robert Smith de Cure (ou pour les plus anciens : Steve Harley de Cockney Rebel)

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THE DARK KISS OF NORTHERN DEATH
dimanche 14 avril : Hypocrisy + Immortal à la Loco

Catch 22 Après une longue mise en bouche un rien anecdotique, avec deux groupes chargés de montrer qu'avec un peu d'entraînement, on sait "nous aussi" prendre la voix caverneuse et gutturale propre au genre (mais ce n'est pas tout...) et trois bons quarts d'heure de réglage des balances (avec des roadies visiblement pinailleurs), les deux plats de résistance arrivent enfin.
Peter Tätdgren et ses deux hypo-acolytes sont passés à quatre pour la tournée (même si les claviers sont toujours sur bande...) et le hardcore/gothique des Suédois passe encore mieux sur scène, sans doute grâce à une énergie plus que communicative, qui les ferait lorgner plus du côté de Rage Against the Machine que de Sisters of Mercy...
Sons Encore trois quarts d'heure d'attente (balances, toujours... et malgré tout il faudra une pause pendant le set, pour re-régler le retour de la guitare solo de la double grosse caisse, rien que ça), il est minuit et demi passé quand arrivent (enfin !) les trois inénarrables Immortels. Immortal est sans doute l'un des seuls groupes sur la scène black/death à perpétuer la tradition de l'humour second degré du hard-rock ambiance comic-books. Maquillages, déguisements, numéros de cirque (Abbath n'hésitant pas à jouer lui-même les cracheurs de feu). Ici, bien sûr, l'hommage-pastiche à Kiss est manifeste (jusqu'aux jeux de langue à la Gene Simmons), mais on pourrait même trouver dans le trio scandinave (dont deux barbus) un fort côté ZZ-Top nordique. Jusqu'à cette (légère) tendance à grossir le son live par quelques doublages pas uniquement dûs à la chambre d'écho ou aux dubs de clavier. Mais on leur pardonnera, tant le résultat est efficace et parfaitement rodé. Sous leurs côtés clownesques (là aussi, Kiss), Abbath, Horgh et Iscariah sont de formidables musiciens (là aussi, ZZ Top), qu'il s'agisse du travail de fond de Horgh à la batterie, que de l'assise de basse d'Iscariah ou surtout de la voix/jeux de scène d'Abbath, qui ne l'empêchent pas de ciseler à la guitare quelques envolées presque atmosphériques. On pourrait même rajouter à la liste un autre groupe mythique, King Crimson, tout simplement à cause de l'homme de l'ombre (comme Peter Sinfield, parolier et éclairagiste du Crim), le 4e larron, Demonaz, auteur des paroles et du "concept". Mais ce qui se détache surtout, c'est la décontraction rigolarde et le contact avec le public (à l'opposé de la distance méprisante super-héros torturé à message noir parfois en vogue dans le milieu). Ici, on ne se prend pas au sérieux et on le montre, puisque en définitive, it's only rock n roll et le but, c'est de se marrer.

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LES FASTES DE L'ALLIGATOR
jeudi 28 mars :Thiéfaine + Maïdi Roth au Bataclan

Defloration 13 Fin de tournée : juste une fin de partie ? Bouquet final en tout cas pour un concert concentrant le meilleur de Thiéfaine : 6 mois après le Zénith, un HFT électro-hardcore (petite salle, son puissant, 3 Fender plus un paquet de claviers et sampleurs menés par un Frank Pilant survolté). Enchaînement speedé de (presque) tous les titres de Défloration, attaqué à donf avec l'ambulance pour Elmo Lewis. Tout juste quelques petites sorties calme-nostalgie pour visiter le Touquet juillet 1925 (*), saluer les poètes, Rimbaud en tête, les dingues et les paumés, ou s'en remettre au vent, de brefs retours classiques (Alligator 427) chaussé de Nike-ta-mère, Reebok-ta-sœur et Adidas rock-and-roll et c'est reparti contemporain pour cette toujours somptueuse accumulation de flashes hallucinés de cet électro-rap rimbaldien chez qui "l'amour est un enfant de poème incongru qui buglede son muggle aux remugles d'hallus les morues de la rue" (Also sprach Winnie l'ourson - mascotte involontaire de la tournée...)
Enfin, comme il y a deux ans à l'Olympia, une visite en invité de Paul Personne pour finir de dynamiter la salle - y compris pour accompagner la toujours sémillante Fille du coupeur de Joints (qui va quand même sur ses trente ans ;-)), et puis en guise de merci (comme malgré les lumières, personne ne voulait sortir), après 10 minutes d'applaudissements, retour en solo pour nous jouer Des Adieux. Non, surtout pas d'adieux.

Le lendemain, Vendredi Saint, HF sans voix pour cause de méchante grippe s'excuse et doit à regrets annuler le concert. Il sera reporté au 17 mai. En hommage et comme consolation pour les fans, il décide à l'automne 2002 de nous offrir un live imprévu : celui justement de ce concert du 28 mars, enregistré sans fioritures, puisqu'à l'origine ce ne devait être qu'une bande de travail, un témoin. Le témoin est devenu témoignage. À écouter d'urgence.
(*)En duo - comme pour Joli mois de Marie -, avec la belle Maïdi Roth, à qui il avait galamment offert la première partie en trio de guitares.

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RENAISSANCE
jeudi 21 mars : Angra, Silent Force et Stygma à l'Elysée Montmartre

Surprise mitigée avec le groupe d'ouverture. STYGMA, des Autrichiens dans la lignée décidément de plus en plus encombrée du heavy metal mélodique. Ils en sont à leur 4e album (THE HUMAN TWILIGHT ZONE) et ils ont joué ce soir bon nombre de titres de celui-ci ainsi que de STYGMA(TA) : mélodies puissantes, voix assurée, son excellent ; avec le playback, c'eût été malheureux : dommage en effet que pour cette mini-tournée de promotion, le clavier et les doublages de guitare étaient sur bandes et les instruments empruntés (merci à Silent Force pour la batterie...) Mais à un groupe dont l'une des effigies est le portrait de Klaus Kinsky en Nosferatu dans film de Werner Herzog, il sera beaucoup pardonné.
Infatuator SILENT FORCE, improbable combo allemand autour de DC COOPER, l'Américain de Pittsburgh qui lorsqu'il n'est pas en solo, officie avec ROYAL HUNT, pose un problème : excellent en disque (en particulier leur INFATUATOR), ils ont tendance sur scène à servir une soupe compressée limite Rock FM... Certes Sins and Sinners ou la trilogie de Gladiator en jettent un max, certes Promised Land, dédié au frère de DC, décédé dans un accident de voiture, est émouvant... mais finalement, DC n'est jamais meilleur que lorsqu'il retourne à ses racines, celles du Power metal américain, et quand il se déchire la voix pour nous faire des titres à la Manowar.Là, ça dépote et on est enfin content de les voir s'agiter en live.

ANGRA : On pouvait se méfier de la pochette hypersulpicienne symbolisant la renaissance (REBIRTH) du groupe brésilien, après le départ du chanteur André Matos (mais aussi du bassiste et du batteur, rien que ça...). Mais l'écoute du disque a rapidement levé le doute : finalement, les deux compositeurs-guitaristes Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt ont su prouver qu'ils étaient bien l'"autre" âme d'Angra. Matos y avait apporté le côté symphonique et lyrique (voix, claviers, formation classique, déjà notable au sein de sa première formation, VIPER), Kiko et Rafael la face rythmique, rock chaloupé de bossa nova et de rythmos do Brasil...
Rebirth Ce soir, tout le monde guettait bien sûr Edu Falaschi, le nouveau chanteur. Sous l'enthousiasme juvénile et les sourires limite niais, on a découvert une vraie voix qui n'a rien à envier à celle de Matos et porte le groupe vers un son plus hard, entre Helloween et, bien sûr Maiden (qui a toujours été la référence d'Angra, Matos ayant même dû naguère prouver par sa voix, ses compositions et son jeu de scène qu'il méritait d'être plus que le sosie-doublure image de Bruce Dickinson). En tout cas, le concert permettait un comparatif immédiat permettant d'apprécier le "changement dans la continuité" de cette renaissance. L'enchaînement des titres, mêlait en effet habilement les époques : In Excelsis/Nova Era, en ouverture, évidemment, aussitôt suivi d'un classique : Angels Cry. Puis, Unholy War, Make Believe, Freedom Call, Wings of Reality ou Carry On sans oublier l'indispensable Nothing To Say (qui, parenthèse inspira à Olivier "monsieur metal symphonique", sa marque NTS).
Avec, pour pimenter le tout, quelques petits bonheurs en intermède : Rafael Bittencourt à la guitare acoustique, puis un solo renversant de puissance et de technique (du 8/4 sur les grosses caisses et des 7/4-5/4 sur les toms, crashes et rides...) du nouveau batteur Aquiles Priester l'"homme à 5 jambes et 5 bras", puis une séance de percussions de tout le groupe (tous les Brésiliens le font, SEPULTURA aussi) et quelques autres délires du genre duels guitare/épée de Kiko et Felipe (Andreoli, le nouveau bassiste) pour introduire, en ultime ultime rappel (il était déjà 10h 30...) une version *très* énervée de Number of the Beast... La moindre des choses pour ces héritiers brésiliens de Maiden et aussi peut-être un clin d'œil de consolation pour ceux qui, comme moi, n'avaient pas la force ensuite de se traîner jusqu'à la Loco pour enchaîner avec le retour (justement) de Blaze Bayley.

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BROOKLYN HARDCORE
samedi 28 février : Bioharzard et Backfire à l'Elysée Montmartre

Une salle peut-être pas vraiment pleine mais remplie de hardcore fans (aux deux sens du terme : amateurs de hardcore, et amateurs purs et durs) en parfaite communion avec la scène ; Des musiciens énervés mais qui n'en oublient pas pour autant de jouer parfaitement en place et surtout avec un son parfait, clair et puissant (pouvoir écouter du hardcore sans boules Quiès... rare). Après leurs potes de Backfire en ouverture (ils en sont au quatrième album depuis l'époque de Madball, et des titres comme Once Again ou No Burning Back les placent dans le petit cercle de ce hardcore new-yorkais qui n'a rien à envier à celui de l'ouest (Venice, Californie, avec ST, Cyco, Infectious Grooves) ou du sud (le Brésil avec Sepultura, Nailbomb...).
Puis Biohazard, éternel représentant emblématique du metal hardcore de Brooklyn. Entre Lemmy de Motörhead (autre bassiste gauchiste) et Mike Muir (autre bateleur musclé, bondissant et bavard), Evan Seinfeld s'y entend pour faire passer son message tout en chauffant la salle (et qu'on fait la ronde, et qu'on organise les Olympiades de stage diving, et qu'on invite les fans à monter sur scène danser et chanter dans le micro...*) . Et puis, ce qu'on aime chez ces quatre gars, c'est autant leurs textes (HFFK, Love Denied, Last Man Standing, Uncivilization), que leur gros coeur : respect du public (sans lâcher la guitare, on plonge récupérer une fan qui s'évanouit dans la fosse, avant les poignées de main et les signatures en fin de concert,**), respect des copains - une tradition bien ancrée chez le groupe : on fait chanter fans et roadies, mais on invite aussi les gars de Backfire pour renforcer les rangs lors de la traditionnelle séance de reprise-hommage : ce soir, Crowbar, Agnostic Front, Cypress Hill... sans jamais oublier de citer les potes de Slipknot, Sepultura ou Pantera (dont plusieurs invités sur leur dernière galette, l'indispensable Uncivilized).

(*) autant d'activités ludiques ambiance club qu'il n'est pas évident de pratiquer dans les salles de la taille de Bercy, comme lors du mémorable Tattoo the Planet d'octobre dernier.
(**) sans oublier le détail militant qui tue, les T-shirts à 10 euros ;-).

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CHANGER LE MONDE
lundi 11 février : Calvin Russell et Sylvie Paquette à l'Elysée Montmartre

Agréable surprise en première partie avec Sylvie Paquette, blonde Québecoise, débarquée de la veille de son avion et visiblement encore tout ébaubie d'être là. Passé les effets de voix qui font penser à une émule de Dido ou de Dolores O'Riordan, on a découvert une rockeuse efficace, entre folk et country, aux textes simples (parfois un peu trop) mais à la sincérité entière et à l'énergie rare. A noter sa très belle "appropriation" du Sud de Nino Ferrer, qu'elle a, comme elle dit joliment "posé" sur son premier CD (hélas pas encore dispo en France. Le commander sur Amazon).

Pour accompagner la sortie de son nouvel album Rebel Radio, Calvin Russell abandonne sa face "Lonesome Jack Daniel's son" de ses tournées solo (comme lors de ses passages à l'Européen ou au Café de la Danse en 99) pour redevenir leader d'un groupe de country-rock franco-texan qui n'hésite pas à nous servir du boogie à la ZZ Top ("Freight Train Blues"). Voilà certes qui combla d'aise une salle enfiévrée (mais en grande partie remplie de novices venus découvrir le vieux soldat et visiblement moins intéressés par les textes - que bien peu semblaient connaître - que par les solos de guitare (parfaitement carrés, du reste) - j'ai même entendu d'innocentes remarques du genre : "j'ai bien aimé l'ambiance de deux, trois titres, ça m'a fait penser à Mark Knopfler"... Enfin, si ça peut lui amener du public, tant mieux.
Concert presque atypique donc, pour les vieux fans (nombreux quand même), le père Calvin insistant plutôt sur son répertoire "hobo nostalgique du Wild Wild West", violon, grands espaces, trains de marchandises, cafards dans la cuisine et bar à putes (en bis, il nous a même servi une reprise "Honky Tonk Woman" des Stones), un peu au détriment du poète engagé ("I Want to Change the World", "Big Brother"...) même s'il a su l'émailler de remarques cinglantes "Si vous voulez mon avis, George Bush et Bin Ladden sont deux trous du cul" (en français dans le texte) pour bien se démarquer de son triste compatriote texan et prouver que le rock sudiste peut être intelligent et libertaire. Et puis, comme Calvin l'a dit en remerciement  "Vous savez, nous allons retourner au Texas, et c'est important pour nous de le faire savoir là-bas à quel point vous êtes nombreux et fervents à nous soutenir en France". Message reçu.

PS : ah oui, autre changement. Disparue, la fameuse bouteille de Jack Daniel's. "Les femmes et l'alcool, ce n'est plus de mon âge... (sourire ironique) Mais blague à part, avec un groupe et les chansons enchaînées une à une, on n'a pas le temps de déguster". Ah, nous voilà rassurés.

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SAVATAGE LA REVANCHE
dimanche 10 février : Savatage, Blaze, Vicious Rumours à l'Elysée Montmartre

On passe gentiment sur les Américains de Vicious Rumours qui ont beaucoup écouté AC/DC et Metallica. Belle voix, belle basse, mais guère d'originalité. Le créneau Power metal est depuis longtemps occupé par d'autres pointures. Pour se faire une idée, on peut toujours écouter leur dernier album (Welcome to the Ball) dont ils ont joué des extraits, en particulier Abandoned.
Suivait Blaze Bayley, ex-chanteur de Maiden avant le retour de Bruce Dickinson, avec son groupe désormais baptisé Blaze. Les mauvaises langues diront que c'est un clone karaoké de Maiden (jusqu'au bassiste, Rob Naylor, en maillot de foot avec le look et les attitudes de Steve Harris). Laissons parler les mauvaises langues. Ce n'est quand même pas de sa faute si Bayley est 1/ un excellent compositeur (souvenons-nous de Futureal ou de Man on the Edge, qu'il a d'ailleurs repris ce soir) 2/ un excellent chanteur (prendre le relais de Bruce, ce n'était pas évident...) 3/ une bête de scène (même s'il a tendance à faire, là aussi, du Dickinson ;-))... En tout cas, son premier album Silicon Messiah était aussi ambitieux que réussi. Le second qui vient de sortir, intitulé Tenth Dimension est dans la même veine SF-onirique (à noter l'édition spéciale double CD de ce concept-album ambitieux avec vidéos, suppléments multimédia et titres... en MP3, une première). Ce soir, alternant les classiques (Silicon Messiah, Ghost in the Machine) et les nouveautés (Speed of Light, Kill and Destroy), il a prouvé avec une belle énergie et un son superbe que le hard mélodique de la NWBM était toujours là. Ceux qui ont raté sa prestation peuvent se rattraper le jeudi 21 mars à la Loco (Paris), ainsi qu'au Koslow de Bordeaux, le 15/3, au Rockstore de Montpellier le 18 et à l'After-Club de Metz le 29.
Savatage Savatage : ils avaient une revanche à prendre, après leur passage express en première partie de Megadeth au printemps dernier. Ils devaient passer en octobre, mais "comme ils nous ont tout pété à New York" (dixit Jon Oliva), léger retard et report de la tournée. Ce soir, les rois du speed-prog-mélodique ont eu deux heures, un son impec et des éclairages royaux pour s'exprimer. Et cette fois, en insistant sur les classiques et la face opera du groupe (signe : en fond sonore d'ouverture, The Show Must Go On de Queen. Mais ils auraient aussi pu passer une BO de Danny Elfman). Donc, contrepoints vocaux (Chance... même si depuis le départ d'Al Pitrelli, ils ne le font plus qu'à quatre voix), balades émouvantes (Shotgun Innocence, l'ultime titre composé par feu Criss Oliva, Believe) et morceaux de bravoure (Edge of Thorns et bien sûr, Gutter Ballet), mais aussi, en vrac : Agony and Ecstasy, Jesus Saves, et pour finir, un Hall of the Mountain King joué avec la dernière énergie après un ultime solo de Chris Caffery dialoguant avec Jon. Bref, quasiment l'anthologie From the Gutter to the Stage remise à jour et jouée live : beau et émouvant.

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WORLD TURBULENCE TOUR 2002
jeudi 7 février : Dream Theater + Pain of Salvation au Zénith

Ouverture prometteuse : les Suédois de Pain of Salvation, déjà vus en mai dernier à l'Elysée Montmartre pouvaient enfin s'exprimer devant le public français dans une grande salle. Daniel Gildenlöw et ses camarades ont donné là toute la mesure de leur talent, avec un son travaillé, proche de celui de leurs disques. La prestation était courte, le choix des titres plus "grand public" et moins ambitieux que pour leurs albums (avec bien sûr les incontournables Undertow et surtout Ashes) mais le but a sans doute été atteint. Nombreux auront été ceux qui ont découvert ce soir un grand groupe de scène.

Record battu : pour l'enregistrement mémorable de Once in a Live Time au Bataclan, le Théâtre avait duré 4h10, certes avec un entracte. Cette fois, près de 3h15 sans interruption. Outre cette générosité manifeste, Dream Theater a la qualité rare aujourd'hui d'être un vrai groupe où chaque musicien tient à cœur de mettre en valeur le travail des autres sans chercher à se placer en avant. Ainsi, John Petrucci n'est pas un guitar-hero, malgré ses envolées gilmourienne. John Myung n'est sûrement pas un bass-hero : ne surtout pas se fier à ses doigts fins de pianiste. Discret jusqu'à l'effacement et flegmatique comme John Entwistle, son travail à la basse six cordes est d'une puissance rare. Jordan Rudess n'est pas un keyboard-hero. Loin de Keith Emerson ou de Rick Wakeman, il est plutôt dans la lignée de Jon Lord (pour la technique) ou de Tony Banks (pour le son "genesiaque") ; peut-être moins jazzy-funk que son prédécesseur Derek Sherinian, mais sans doute mieux intégré au groupe pour donner la réplique à Petrucci et bien sûr, à Mike Portnoy. Portnoy, enfin, n'est pas un drum-hero. Et pourtant... étant l'un des meilleurs batteurs du monde, il pourrait. Mais non. Et même si pour cette tournée, il est passé à une triple batterie, ce n'est pas pour autant qu'il s'est chopé la grosse caisse ;-). James LaBrie n'est pas un singer-hero... Au point qu'il finit par s'effacer de plus en plus, laissant DT devenir un groupe instrumental - ce qui est sa vraie dimension, du reste. Il est vrai qu'à l'exception des ballades ou des morceaux de bravoure Queen/floydiens où il excelle (le sublime The Spirit carries on), LaBrie est sans doute le maillon faible du groupe - surtout ce soir, où il lui fallut un bon moment pour se mettre en voix, sans compter qu'il était desservi par une balance vocale trop basse. A sa décharge, rappelons c'est le début de la tournée et qu'ils rodent les titres du dernier album. En revanche, pour les reprises de Metropolis ou les classiques comme Pull me Under ou Learning to Live, rien à dire, il retrouve ses marques et l'on s'envole vers les hautes sphères du prog-rock, où le Dream côtoie le meilleur de Deep Purple, Floyd ou Genesis de la grande époque. Le public ne s'y est pas trompé qui leur a réservé une longue ovation au final.

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