Les groupes liens et bons plans BlacKroniks & RocKritiks


GROUPES & CHANTEURS 


UNE SÉLECTION DE CONCERTS À PARIS

IRON MAIDEN
à Bercy, c'est toujours GRAND ! suite

Le mercredi 25 juin 2003 : c'était grand... Et retour sous le même toit le 22 novembre 2003 pour la tournée accompagnant la sortie du XIIIe album "Dance of the Death"
suite
Sans oublier le concert du 25 juin 2005 au Parc des Princes avec Within Temptation et Dream Theater en première partie !
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IRON MAIDEN + WITHIN TEMPTATION + DREAM THEATER !!!
Parc des Princes, samedi 25 juin 2005
ROCK EN XAINTRIE"
à prévoir : Festival ReX "ROCK EN XAINTRIE"
avec toutes les têtes d'affiche du nouveau black/death/gothic metal :
Mob&dicK, MAGNUS MAGISTER RHODO,
JOHANNITER ORDEN I NORGE, BLÜTHALL,
LE PLAN ORSEC
Sous toutes réserves :
MWM

et bien d'autres...


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LA BELLE ET LE DEATH...
vendredi 27 février 2004 : ARCH ENEMY + ZYKLON et STAMPIN'GROUND à l'Elysée

STAMPIN'GROUND
Honnête groupe de 1re partie au metal hardcore sans grande orignialité. Du reste, le chanteur, honnête et lucide, l'a bien dit : on n'est pas là pour se la péter mais pour chauffer la salle, et on entend bien le faire.
De ce côté, pari gagné. On a même eu droit à l'organisation d'un "concours" de Pogo côté cour contre côté jardin. Mieux qu'au Club !
 
ZYKLON
Autour du duo Samoth (chant-basse - Trym (batterie), ex-Emperor, soutenu par Desstructhor (guitare), voici la horde de Norvégiens du black metal indus politiquement incorrect. Mais ils ont bien souligné que leur nom n'est qu'une allusion directe aux horreurs du XXe siècle, un symbole d'une humanité indigne d'être rachetée et maudite des dieux, histoire de ne pas se carrer encore une fois les accusations lourdingues portées naguère contre Emperor... On peut être contre les religions en général et l'église en particulier, sans être d'extrême droite.
 
D'où les titres : Deduced to Overkill, Chaos Deathcult, Battle between Gods... Leur devise : "Arrêtez cette folie de la religion... il y a mieux à faire dans la vie". Cessons d'être des vers dans un monde de larves (d'où leur premier album, très RogerWatersien dans son sombre concept: "World ov Worms", impeccablement relayé par "Aeon",sorti récemment.
 
ARCH ENEMY
original : un groupe de death metal scandinave avec une chanteuse blonde débordant de sex-appeal...
 
Où est l'originalité, me direz-vous ? Dans le fait que la chanteuse du groupe, la belle Allemande Angela Gossow a une voix normale d'alto mais surtout une voix de chanteuse death, limite brutal-grindcore (avec le jeu de scène qui va bien). On est donc bien loin de Tarja de Nightwish et autres cantatrices peroxydées. Sous des dehors de Britney Spears (en plus mature et sexy, n'oublions pas qu'Angela a débuté en... 1991 avec Asmodina, avant d'enchaîner jusqu'en 2000 avec Mistress pour rejoindre le groupe suédois cette année-là), on est devant un véritable Lemmy ou Max Cavalera au féminin, la beauté en plus. Autant dire que la testostérone était de sortie ce soir à l'Elysée (mais avec un large public féminin qui trouve enfin une icône pas uniquement machiste).
 
Quant à la musique, la relève du précédent chanteur Joha Liiva étant assurée, et comment, on retrouve toujours cet étonnant mélange de death metal extreme et de métal mélodique limite prog : des guitares lyriques à la Strato, des nappes n'hésitant pas à reprendre des sons de Mellotron, des duels de gratte à la Helloween et quelques riffs dignes de Led Zep. Bref, un groupe étonnamment original, qui fait plus que confirmer sa précédente apparition à la Boule noire en décembre 2002. Leur nouveau disque "Anthems of Rebellion",le 5e et le second avec la belle Allemande (après "Wages of Sin" en 2002), en est la confirmation avec des titres joués ce soir comme « Enemy Within », « Ravenous » ou le somptueux « Burning Angel ».
 
Un seul regret : 1h 05 de concert, même s'ils ont joué quasiment sans reprendre haleine, c'est trop court... et cela fait d'autant plus regretter de ne pas avoir assisté à leurs prestations canadiennes en première partie de...Maiden :-)
 
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À noter : de plus en plus de concerts de black, death à l'Elysée. Succès du metal extreme qui quitte (ou du moins complète) le "ghetto de la Loco". Prochaine étape : le Zénith et Bercy. Qui s'en plaindra.

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LA GRIFFE DU TRIO
jeudi 12 février 2004 : CHRISTIAN VANDER TRIO au TRITON

Comme toujours, et peut-être plus encore en formation jazzy avec le fidèle Emmanuel Borghi au piano et l'efficace Emmanuel Grimonprez à la contrebasse, Vander est un maître... digne émule, dans ce registre de l'une de ses idoles, Philly Joe Jones.
Ou quand la griffe de Magma se fait patte de velours... mais sans perdre une once de sa formidable énergie.

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YTSE NEARLY 4 HOUR LONG JAM !!!!!
jeudi 29 janvier 2004 : AN EVENING WITH DREAM THEATER

Trois écrans géants à diodes, des caméras et webcams partout pour filmer en gros plan tous les musiciens - ce qui a permis, entre autres, de voir en détail le jeu époustouflant de Jordan Rudess au clavier (Oui, un seul, un Kurzweil, pour un son évoquant le Rick Wakeman ou le Larry Fast des empilements de machine... sans oublier son prédécesseur Derek Sherinian), et bien entendu, celui (sublime et spectaculaire, mais est-il besoin de le préciser) de Mike Portnoy derrière sa triple batterie... Pas à dire, les cinq de DT sont toujours de formidables musiciens (et pas seulement techniciens), même si, ce soir, la longueur et la variété des instrumentaux, plus les hommages ont permis de jauger, tant la tessiture de James LaBrie (l'hommage à Yes, avec Heart of the Sunrise, extrait de Fragile, en rappel, avec un pastiche de la couverture de l'album sur grand écran) que la dextérité de John Petrucci et Jordan Rudess (hommage à Zappa en forme de duel arbitré par la rythmique de Myung et Portnoy, en "méga-pont" sur un titre de Metropolis Pt2, avec là aussi, hommage visuel au maître FZ qui semblait diriger à travers l'espace-temps les Mothers of Theater...(à moins que ce soit le Dream of Invention).
 
En fait, ce soir, la surprise est venue du fait qu'il s'agissait moins de promouvoir le dernier album (dont seuls quatre ou cinq titres furent joués, avec en particulier le très dérangeant Honor thy Father écrit par Mike Portnoy et dont on ose espérer qu'il n'est pas autobiographique) que d'offrir une somptueuse rétrospective de bientôt 20 ans de carrière, avec vidéos psychédéliques et clips à l'appui, projetés en fond entre les séquences live... et d'ainsi redécouvrir des titres des deux premiers albums, rarement joués, en plus des classiques plus récents de Metropolis Pt2 ou Six Degrees.
 
Le concert fut donc en quelque sorte encadré (balisé ?) par les titres de Train of Thought avec bien sûr en ouverture, l'étonnant As I Am qui ressemble trait pour trait (jusqu'au titre) à du Metallica période The Unforgiven, suivi de This Dying Soul, celui-ci délibérément Metallica dernière période (celle de St Anger), comme quoi DT est *aussi* un groupe de vrai métal qui sait faire du hardcore. Même si bien sûr la conclusion (avant les 3 rappels) nous ramenait en terrain balisé, celui des longues plages complexes, mélodiques et techniques, avec la longue suite instrumentale Stream of Consciousness et le poignant In the Name of God. Mais dans l'intervalle, près de 3 heures trois-quarts de perfection musicale retraçant 19 ans d'une carrière bien remplie.

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L'EVEIL DE LA SAINTE COLERE (A TENDANCES INFECTIEUSES :-)
mardi 9 décembre : METALLICA et GODSMACK à Bercy

Godsmack :
Venu de Boston, Godsmack créé depuis 1997 un rock hard-core classique et puissant qui lorgne parfois du côté des grands ancêtres que sont Steppenwolf ou surtout le Blue Öyster Cult : jusqu'à la prestation scénique et aux éclairages (projecteurs blancs symétriques, projections sur écran géant et lasers) qui rappellent les grandes messes du Cult. Si l'on y ajoute une musique puissante, un son clair et carré (servi par une sono parfaite, pour une fois en première partie), des mélodies alliant textes politiques et rythmiques puissantes et crépitantes (on songe également au Metallica des débuts), tous les ingrédients sont réunis pour une prestation sans faille. Bouquet final, un étonnant duo batterie/percussions d'une dizaine de minutes entre le batteur Shannon Larkin et le chanteur/percu/batteur guitariste Sully Erna (qui n'a pas que sa voix de baryton rocailleuse à son arc), les deux hommes se poursuivant littéralement sur scène, juchés sur deux plateaux tournants motorisés. Un grand moment qu'on pourra évoquer chez soi en réécoutant en boucle leurs trois albums, Godsmack (réédité sous le titre All Wound Up), Awake et le tout récent Faceless.
 
Metallica :
J'avoue que je les attendais au tournant. Après une dernière méga-tournée à effets spéciaux (reprise sur le DVD Cunning Stunts (qui a dit Stunning Cunts :-) ?), puis une série de CD au son garage-grunge et les mini-concerts show-case du printemps dernier, et surtout après le départ du bassiste Jason Newsted, qu'allait donner le quatuor sanfranciscain sur les grandes scènes qu'il affectionne ? Et surtout, quel son et quelle orientation allaient donner son remplaçant, l'immense Robert Trujillo (Suicidal Tendencies/Infectious Grooves) ? On ne pouvait en présager en effet du seul disque St Anger, écrit et enregistré dans le stres et la précipitation, avec leur producteur pour assurer les sections de basse.
Au bout de cinq minutes de concert, on était rassuré : Metallica a retrouvé ses racines, celle d'un speed/thrash metal épuré (aussi loin du grunge cradingue que des violons Kameneux), avec (comme pour Godsmack), un son à la fois clair et puissant, servi par une étonnante sobriété des décors, des éclairages et des effets (mis à part les quelques sirènes et explosions pyrotechniques) qui mettait d'autant mieux en valeur la musique du groupe et la ferveur du public.
En tout cas, l'intégration de Trujillo s'est faite sans faille pour la reprise du répertoire classique et la présentation du nouveau, en y rajoutant son énergie personnelle (et pas que son jeu de scène bondissant : son jeu musical en slap groovy redonne du tonus et de la jeunesse à tout le répertoire) mais toujours avec une discrétion de bon aloi. A l'évidence, Bob se la joue encore "invité de marque", ce qui est tout à son honneur (voir ses sorties de scène par le côté du décor, et non en compagnie du trio fondateur, par exemple).
Quant à la musique, le titre de la tournée St Anger tour 2003/2004 ne doit pas induire en erreur. On n'en est qu'au début, et donc, l'essentiel est encore composé de reprises des grands classiques (Enter Sandman, Wherever I May Roam, Master of Puppets, Battery ou l'incontournable Nothing Else Matters, avec un saupoudrage des nouveaux titres, comme Frantic ou St-Anger.
Gageons que pour leur retour annoncé le 23 juin au Palais des Sports de Paris, la tracklist fera la part belle aux nouveaux titres (dont certains, nota Hetfield, étaient joués ce soir sur scène pour la première fois).

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(M)OBSCENE DE THEATRE GROTESQUE
vendredi 27 novembre : MARILYN MANSON (et PEACHES) à Bercy

On passera charitablement sur Peaches en première partie, avec l'électro-punk soûlant de son unique membre, go-go-gothic girl qui s'est longuement trémoussée, a fait quelques vagues stripteases provoc, fait d'encore plus vagues accords de guitare, et chanté (finalement pas trop mal, mais en gros toujours la même chose, (les titres allant de Stuff me up à Shake your dicks montrant la hauteur de la provocation, avec quantité de fuc you pour en rajouter une couche), le tout sur fond de bande son black-technoïde (la donzelle travaille la boîte à rythme Roland-505). Seul passage surprenant (et finalement réussi), son duo improbable (Kick itavec un Iggy Pop virtuel incarné sur scène en vidéo grandeur nature. Dans le genre sex-punk-gothique féminin théâtralisé, on est en droit de préférer de beaucoup Gen et ses Genitorturers. En tout cas, si le but était de chauffer la salle, le résultat fut atteint. À la longue (très) longue, la nervosité ambiante, déjà grande, atteignit le seuil critique.
 
Cela ne devait guère se calmer, côté ambiance, avec la prestation de Marilyn Manson. Les quelques vieux (ou anciens) fans souvent quadragénaires nostalgiques de ses grands maîtres Iggy et Alice Cooper étant hélas en effet noyés sous une masse d'adolescents crétins et bas du bulbe qui se la jouaient "djeunz-rebelz", totalement abrutis et pour qui manifestement, la prestation, les références comme les textes de Manson passaient largement au-dessus de ce qui pouvait leur servir de tête (je ne parlerai pas de cerveau). D'où spectacle navrant de décérébrés graves poussant comme des bêtes, piétinant leurs voisins, injuriant les vigiles de la sécurité (à ce jeu crétin, les filles n'étant pas les moins excitées), et plus généralement totalement incapables de se maîtriser - bref, tout le contraire de l'ambiance d'un concert de metal où chacun sait plutôt se tenir et s'entraider. On ne comptait plus les évanouissements, malaises et autres évacuations sanitaires, souvent dans des conditions acrobatiques.
J'en viendrai à croire que ces mauvaise vibrations (comme on disait jadis) n'ont pas été pour rien dans l'absence de rappel après un concert plus qu'écourté : 1 heure 15 à peine, puis lumière, et tout le monde dehors...
 
Et le concert au fait ? Hélas (hélas pour sa briéveté), il fut bon. Et bien plus intéressant que les prestations antérieures de MM : The Golden Age of Grotesque (le titre, comme l'album, le concept et la tournée), s'il poursuit l'itinéraire gothique expressionniste de l'artiste plonge cette fois à fond dans l'expressionnisme allemand (celui de Cabaret ou de l'Ange bleu), mais avec la crudité contemporaine et la critique sans concession de notre univers de prostitution commerciale et de pornographie marchande ((M)obscene. Les provocations (souvent mal comprises) en forme d'Antéchrist black metal gothique ou de pastiche du régime nazi vu par Charlot ont laissé place à un climat qui n'est pas sans évoquer celui d'Alice Cooper (du tempsde Welcome to my Nightmare revisité par Bob Fosse ou Wolfgang Petersen (la scène d'ouverture de Das Boot. Quelques entraîneuses dévêtues, des créatures mi-androïdes, une apparition de MM en Mickey satanique (repris en fond de scène par une énorme tête du même, façon Eddie de Maiden) ou en pantin désarticulé tout droit sorti d'un film de Murnau, bref, un spectacle aussi ténébreux que les tableaux d'Egon Schiel et bourré de références culturelles. Dans ce climat, les reprises (classiques) de Tainted Love ou Sweet Dreams s'intégraient cette fois à merveille dans le projet musical et scénique. Celui d'un théâtre de marionnettes baroque et grotesque.

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SUBLIME DANSE OF DEATH METALLISEE...
IRON MAIDEN (et HELLOWEEN), samedi 22 novembre 2003 à Bercy

Helloween :
Sage décision des tourneurs qui ont déplacé le concert d'Halloween, initialement prévu le même jour à l'Elysée pour les faire jouer en première partie de Maiden. Après tout, les Allemands sont dans l'écurie-maison (Sanctuary) et ils partagent le même fond mélodique et musical. Tout cela s'annonçait donc sous les meilleurs auspices, d'autant que l'album Rabbit don't come easy était particulièrement juteux. Las, malédiction des balances d'ouverture de programme ou choix délibéré d'Andreas Deris de chanter avec un écho accentué, toute la prestation du groupe donna l'impression qu'ils jouaient dans un stade vide... réverbération, son flou sans aigus... on était loin du son acide et précis qui fait leur marque de speed-métaleux mélodiques et qu'on apprécie tant dans les petites salles comme l'Elysée. Ici, même les grattes de Weikath, Gerstner et Grosskopf se noyaient dans la soupe (Roland Grapow a bien fait de partir...). Quelques éclairs toutefois, (et même des surprises) avec des reprises de titres vieux de quinze ans (des albums "épiques" Keeper of the Seven Keys et même Walls of Jericho), du temps de Kai Hansen.
 
Enfin, dernier petit détail irritant et pas cool du tout: le clavier planqué quasiment sous la batterie derrière un paravent en fond de scène. Bon c'est toujours mieux que des bandes pré-enregistrées, mais ce serait sympa de le créditer au moins à la fin. Même lors de ses solos, le malheureux n'avait même pas un projo sur lui. Sans doute s'agissait-il de Michael Kenney qui assure les claviers de Maiden (et qui est crédité au programme, au moins).
 
Iron Maiden :
D'aucuns (dont moi, j'avoue) ont pu être désarçonnés à la première écoute de leur treizième et dernier album Dance of Death, au son un peu trop "surproduit" par Kevin Sherley (producteur d'Aerosmith et désormais de Maiden depuis Brave New World) : certains morceaux épiques (Montségur en particulier), vous donnant l'impression d'écouter un disque de folk-rock-symphonique à la Jethro Tull période 75.
 
Mais comme toujours avec Maiden, le miracle de la scène se reproduit. Et là, c'était (si c'était possible) encore mieux que le concert "tour de chauffe" de juin chroniqué plus bas. Décors somptueux, éclairages parfaits et spectaculaires, son impeccablement équilibré, alliant puissance et clarté (ah, toujours cette basse monstrueusement précise de Steve 'Arris), jeux de scène élaborés de Bruce Dickinson... Cette fois, il ne se contentait pas de bondir partout devant des rideaux de scène changeant, comme à son habitude, mais il jouait réellement, changeant de costumes au gré des titres et des décors. Pour un peu, on aurait cru voir Peter Gabriel à la grande époque de Genesis.
 
Il faut dire que l'album et ses titres s'y prêtent. Sans être un concept album, il renoue avec la grande tradition prog-épique des titres comme Rhyme of the Ancient Mariner. Dès l'intro, on était dedans: le concert ouvrait en effet sur Wildest Dreams, devenu un classique instantané du groupe, depuis sa première interprétation scénique en avant-première lors de la tournée de juin (non sans que, cette fois-ci, Bruce ait "donné le coup d'envoi" en lançant dans la salle un... ballon de rugby. Tiens, pas de foot, pour une fois, coupe du monde oblige :-)). Après quelques reprises de classiques et de plus récents (Brave New World bien sûr), Bruce indiquait que le concert serait essentiellement consacré au nouvel album (devenu numéro 3 en France "Et ce n'est pas grâce à MTV", crut-il bon de préciser). Dance of Death, d'emblée, révélait sur ses dix minutes d'interprétation que le son Maiden de scène allait transcender tous les titres du disque. Pour un morceau comme No More Lies, construit comme un classique du groupe (une composition intégrale de Steve), le pari était gagné d'avance, en revanche, pour les autres, léchés et travaillés en studio, ce n'était peut-être pas aussi évident. Et pourtant si, le summum étant atteint avec Paschendale (le récit de cette meurtrière bataille dans la Somme, la troisième de la campagne d'Ypres en 1917)... À la gravité du thème, s'alliait une puissance d'interprétation servie par des décors, des éclairages et une sonorisation à glacer le sang (mitrailleuses, canonnades, tonnerre... sur fond de lueurs spectrales). Dès l'intro (avec cette petite ritournelle plaintive à la guitare (qui évoque le sifflement des grenades éclairantes zébrant le ciel), un frisson palpable envahit la salle. Sans doute l'un des plus beaux morceaux du groupe et certainement le plus poignant qu'ils aient joué sur scène.
 
Faut-il ajouter que les incontournables reprises sans lesquelles un concert de Maiden n'existerait pas eurent droit elles aussi au même traitement de choix, avec en particulier un enchaînement final Hallowed be Thy Name, Fear of the Dark, Iron Maiden (et l'apparition obligée de Eddie, cette fois en faucheuse aux yeux bleus lumineux) qui laissa plus d'un fan sur les genoux.
Et puis, en rappel, vint l'apaisement avec encore une magnifique mélodie du dernier album, Journeyman, la première vraie balade du groupe depuis Prodigal Son (qui remonte quand même à près de 22 ans...). Guitare quasi-acoustique, voix douce et fond orchestral. Là, on croyait presque entendre les Moody Blues de la grande époque symphonique (le morceau n'est pas sans évoquer par son climat un titre comme Gemini Dream). Mais (parce que Maiden reste Maiden) et pour conclure en beauté, ce fut le retour du Number of the Beast (qui avait fait l'ouverture de la tournée de juin) et enfin, Run to the Hills.
Un concert (presque) court (une heure trois-quarts) mais sans une seconde de temps mort, des enchaînements parfaits, un son somptueux, que du bonheur. Up the Irons !

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NEGATIF...?
mardi 28 octobre : BENJAMIN BIOLAY et MARJOLAINE à l'Olympia

Marjolaine :
Agréable découverte que cette Marjolaine qui se surnomme "Calamity Marjo" (comme dans une de ses chansons), pulpeuse et gouailleuse, avec son trio hétéroclite et bric-à-brac musical - à part un guitariste sage, elle et l'un de ses comparses jouent de divers instruments à vent, de l'accordéon, des synthés, de la scie musicale, du manche à balai et divers autres bruitages...). Un peu Grande Sophie (pour la voix et la dégaine sexy), un peu Néry au féminin (pour la poésie déglinguée), un peu Yvan-Marc ou Benabar (là aussi, pour le second degré et cette façon "en biais" - en coin ? - de voir la vie quotidienne. Pulpeuse, gouailleuse, et prometteuse.
 
Benjamin Biolay :
Après son concert mi-promo mi-showcase à l'Elysée Montmartre il y a bientôt deux ans (voir en cliquant ici), et quelques dates de rodage, grande première à l'Olympia pour le nouveau petit Gainsbourg du nouveau siècle. Cette fois, Rose Kennedy a (presque) tiré sa révérence pour laisser place à Billy Bob (du double album Négatif qui faisait l'essentiel de la set-list
Las, entre une panne de sono (la console retour qui rend l'âme avant le début) qui a occasionné un quart d'heure de retard, et (conséquence ?) une balance assez pourrie donnant des basses hyper-ronflantes et une voix brouillée et saturée (embêtant pour un chanteur à texte), le malentendu (aux eux sens du terme) s'est vite instauré avec le public (lequel, malentendu supplémentaire, semblait en grande partie être venu voir un gentil chanteur intimiste derrière son piano, alors que BB l'avait dit d'emblée : "c'est bien aussi, quand c'est fort...", bref, lui, il avait dans l'idée un concert de rock, d'où léger malaise) d'autant que des morceaux comme Chaise à Tokyo, Glory Hole ou Négatif sont bien plus rock et sombres que son répertoire des débuts plus orienté nostalgie romantique (Los Angeles pouvant faire la liaison).
Bref, bilan mitigé, malgré quelques beaux passages, des éclairages soignés, des projections vidéo (parfois un rien cryptiques, mais ça ajoutait à l'ambiance), deux duos avec madame (Chiara) et surtout en rappel, deux titres en acoustique, BB seul au piano (dont Les Roses et les promesses) et surtout, l'incontournable reprise des Cerfs-volants avec en clin d'œil sur le grand écran vidéo, la diffusion en accéléré, pendant tout le temps de la chanson, de La Rivière sans retour jusqu'au moment où Marilyn entame : "There's a river..." avant de conclure, pendant que défile le générique du spectacle, que Billy Bob a toujours raison...

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LA MACHINE A REMONTER LA BOITE A MUSIQUE...
THE MUSICAL BOX, dimanche 26 octobre à la Cigale

Concept étonnant que celui de ce groupe de cinq Québecois qui reproduisent à l'identique les concerts-shows mythiques de Genesis du temps de Peter Gabriel. Ils utilisent les instruments d'époque - les guitares à rack de pédales multiples de Steve Hackett, les synthés Arp de Tony Banks, et bien sûr les costumes comme la chorégraphie de Peter Gabriel, et même les décors et diapos et gélatines des light-shows d'origine...
Des quelques vidéos que j'en avais vus (des concerts de la tournée américaine de l'an dernier), j'avais conclu: "On s'y croirait, même si musicalement, c'est un rien laborieux (l'imitation est peut-être trop scolaire) - il y manque le souffle et l'inspiration des reprises par Dream Theater, Spock's Beard ou Transatlantic. Mais du point de vue pur spectacle, la machine à remonter de 30 ans à l'aube du rock progressif théâtral tourne impec." C'est donc un rien dubitatif que j'attendais ce concert à la Cigale, dans le cadre de leur tournée européenne "Genesis/Foxtrot-Selling England by the Pound 1973-2003". D'autant que j'avais gardé le souvenir vivace de tous les concerts de Genesis de cette époque, de la tournée "Charisma Label" avec Lindisfane et Van der Graaf en première partie, qui n'avait attiré que trois pelés et quatre tondus au Bataclan (71, j'en faisais partie...) jusqu'au fabuleux concert final de The Lamb Lies Down on Broadway, au Palais des Sports en juin 75, en passant par les shows impeccables à l'Olympia (72,73,74 - avec toujours Van Der Graaf, puis Peter Hammill en solo) dont, justement, celui de ce soir se voulait la reprise.
 
Et là, surprise, bonheur, me voici dès l'ouverture (et je ne suis visiblement pas le seul) ramené 30 ans en arrière. Alors que "Steve Hackett" (Denis Champoux), "Mike Rutherford" (Sébastien Lamothe) et "Tony Banks" (David Myers) accordent une dernière fois leurs instruments analogiques (eh oui, en ce temps-là, il fallait tout le temps les accorder), le noir se fait, et, sous les lumières noires, apparaît la silhouette du mage aux ailes de chauve-souris et aux yeux fluo... "Peter Gabriel", reparaît pour Watcher of the Skies".
 
L'image déjà est forte. Mais lorsque le chanteur (Denis Gagné) ouvre la bouche, le miracle est parachevé. C'est la voix de PG. Sa puissance, ses intonations, ses accents narquois inimitables... Dès lors, sous une tempête d'applaudissements, avec un public conquis d'emblée qui reprend en chœur toutes les paroles et fredonne les solos (dont ceux de flûte...), les morceaux s'enchaînent, avec les décors et changements de costumes correspondants, panachant ceux de l'album (et de la tournée) Selling England by the Pound -Dancing with the Moonlit Knight I know what I like (le jardinier simplet et sa tondeuse), The Battle of Epping Forest, la longue suite Firth of Fifth, Cinema Show et même More Fool me qui permet un "gag au second degré temporel" puisque le nouveau batteur (Martin Levac, à la ville), non content de venir chanter (comme Phil Collins à l'époque) se permet de jouer de son look (plus proche de celui du Phil Collins seconde période, que celui du grand dégingandé chevelu et timide des débuts) pour nous faire une imitation parfaite du crooner jazzy en spencer blanc trop grand, crâne un rien dégarni, longues pattes, main dans la poche et look cool... La voix, là aussi, est parfaite, l'illusion bluffante.
Il est à noter, pour l'anecdote, que ce dernier titre n'a du reste été ajouté que depuis un an au répertoire du groupe ; en fait depuis que le premier batteur (Guillaume Courteau) a dû le quitter... Il n'avait ni la voix ni l'allure de Phil Collins. Mais comme son remplaçant, Martin Levac, ressemble à Phil (par la voix, le jeu et l'aspect) autant que Denis ressemble à Peter, c'était bien sûr trop tentant...  
Mais les moments les plus forts restent sans doute ceux des chefs-d'œuvres du groupe présentés comme tous les autres morceaux en français comme le faisait PG à l'époque (en roulant les R et avec force mimiques et borborygmes - "Et hop, il est mort!". À ce sujet, il est manifeste que les Québecois ont épluché toutes les vidéo "perso" ou pirates des concerts de l'époque car à ma connaissance, aucun concert de Genesis en France n'a été diffusé en disque vinyle, CD, VHS, laserdisc ou DVD. Or, pour imiter avec cette justesse les textes de présentation en français des chansons, ça ne s'invente pas (En fait, ils ont repris les bandes audio des concerts de Montréal en 1973, diffusés à l'époque en direct par la Radio Québec)... Fin de la parenthèse qui montre l'aspect étonnamment perfectionniste de cette prestation.
 
Seconde parenthèse, côté public, cette fois-ci : Il est surprenant de voir à quel point les quatre albums dont des titres ont été repris ce soir sont désormais totalement inscrits dans la mémoire collective pour que l'ensemble du public, toutes générations confondues, ait suivi, quasiment mesure par mesure, intonation par intonation, chaque morceau (trait caractéristique : pas un applaudissement à contretemps, chacun savait où commençait et finissait chaque titre, si long fût-il, et les pianissimi se jouaient dans un silence religieux...). Du reste, on imagine mal un groupe (même celui-ci) reprendre le répertoire de Genesis (version rock-FM) après le départ de Peter Gabriel. Non, le Genesis qu'on aime, celui qui fut l'égal des Beatles, de Yes et de King Crimson, mais en mieux, c'est bien celui là au point que même ceux qui ne l'avaient jamais vu s'en souviennent.
 
Moment forts donc, avec The Musical Box de Nursery Cryme, puis (surtout...) la tant attendue (car piégeuse...) suite Supper's Ready de Foxtrot, qui clôt magistralement le concert, avant, en rappel l'inévitable (car traditionnel dans tous les concerts de cette période) The Knife qui nous ramène à leur deuxième album Trespass. Et puis soudain, lumière, bref salut, rideau... Ils sont partis. Le public est abasourdi mais conquis. Ils reviendront en juin 2004 à la Cigale. En attendant, un DVD est annoncé début 2004, pour ceux qui n'auront pas eu la chance d'assister à ce spectacle rare, parenthèse dans l'espace-temps...
 
Vu la qualité du spectacle, on ne peut qu'attendre avec impatience l'an prochain, puisque s'ils continuent selon leur principe chronologique, ils vont s'attaquer de nouveau au "gros morceau", à savoir la reprise du spectacle The Lamb lies down on Broadway, celui qui par sa complexité digne des shows de Pink Floyd, devait amener l'éclatement du groupe. Mais après tout, ils commencent à avoir l'entraînement, les petits gars de Montréal, là-bas, cela fait dix ans qu'ils tournent (ils ont commencé pour les 20 ans des concerts mythiques) et ont rodé leur spectacle, surtout depuis que l'étonnant Denis Gagné a repris de manière plus que convaincante, le rôle de Peter Gabriel, dès 1994.
 
Pour en savoir plus, cliquer ici

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LA BARBE EUPHORIQUE ?
samedi 18 octobre : SPOCK'S BEARD, ENCHANT, CALIFORNIA GUITAR TRIO à l'Elysée

California Guitar Trio :
Pour ceux qui n'avaient pas vu ces trois formidables guitaristes (en première partie de Fripp ou Crimson), la surprise fut sans doute de taille. Pas vraiment californiens, du reste... (un Américain de l'Ohio, un Belge, un Japonais !), il y a lurette, ces trois virtuoses participèrent à la League of Crafty Guitarists, et sont publiés et produits par Robert Fripp. Raison pour laquelle pimentent leur set de medleys crimsoniens, dont Schizoïd Man. Pas seulement virtuoses de la pleine caisse amplifiée, ils sont capables de tirer de leurs instruments des sons incroyables (les yeux fermés, on jurerait entendre un combo guitare, basse, batterie !). Ajoutons qu'ils ont également hérité du maître Robert sa technique d'accord de la guitare selon des gammes "exotiques" qui permettent une redoutable efficacité du doigté. Le résultat (entre autres), en finale, une reprise quasi symphonique de Bohemian Rhapsody, micro tourné vers la salle pour que le public se la joue Queen. Cerise sur le gâteau, Nick D'Virgilio, surgi des coulisses après l'intermède "Bismillah/Mamma Mia/Belzebub" pour faire un numéro réussi d'imitation de Freddie Mercury.
 
Enchant :
Moins enchanteur que soporifique, le groupe de San Francisco semble avoir inventé un nouveau concept, le prog mou, c'est d'autant plus décevant que leur dernier album Tug Of War était prometteur. Mais sur scène, non, ça ne passe pas : Gentillet, noyé dans la masse de cent autres groupes de prog-rock, aussi vite oublié qu'entendu. Mais bon, étant sur le label de Spock's Beard, il était finalement normal qu'il participe à la tournée des dix ans du label californien...
 
Spock's Beard :
On pouvait craindre la disparition du groupe après le départ de Neal Morse (pour cause de crise mystique du reste vite passée puisque le bougre s'est remis à sortir un disque solo et à tourner...avec Mike Portnoy. C'était bien la peine de nous jouer le "je laisse tout tomber en ce bas monde"). C'est que Neal était l'âme du Beard et aussi son corps (monopolisant création, composition, arrangement, orchestration, instrumentation (voix, clavier, guitare, choeurs, basse, batterie, percussion...) et présence scénique. Bref, un personnage pour le moins envahissant, incontournable en tout cas.
Mais après quelque hésitation, c'est finalement la solution "Genesis" qui a été adoptée par le groupe : le batteur (et déjà chanteur) Nick D'Virgilio assurant e comme un grand les parties vocales. Et le reste de la bande se partageant le travail de Neal. Ce qui n'est pas un mal, puisque cela permet de faire encore plus ressortir (si c'était nécessaire) la personnalité des autres membres : Ryo Okumoto, le fou aux claviers (déjà sévèrement allumé, on ne le maîtrise désormais plus. Comme l'a fait remarqué Nick après sa prestation destroy remarquée, ce n'était jamais que le troisième stand de synthé qu'il ruinait lors de cette mini-ournée (de pourtant quelques dates européennes seulement). Heureusement son mini-Moog vintage n'a pas souffert (lui, il est bien accroché), quant au Mellotron et à l'orgue Hammond, ils sont remplacés par de banals Korg... moins volumineux et coûteux à malmener. Mais le son à la Keith Emerson/Jon Lord est toujours là. Idem pour l'agitation avec Alan Morse (le petit frère de Neal, enfin libéré de son aîné) à la guitare, et si Dave Meros se veut plus discret derrière sa basse, on remarquera son travail sonore (avec en particulier un clavier synthé en complément de ladite basse). Mais la plus grande surprise vient sans doute du "batteur bis", Jimmy Keegan (le Chester Thompson du groupe, pour filer le parallèle avec Genesis), sauf que sa carrure ferait plutôt penser au petit frère Wilson d'un groupe de Beach Boys bosniaques sous-alimentés : malgré son gabarit minuscule, le pâlot blondinet déborde d'énergie et soutient magnifiquement le groupe, seul ou en duo avec Nick (sans parler qu'il assure les chœurs et certains soli vocaux comme le reste de la bande, mettant en avant une étonnante voix de contre-ténor, ce qui renforce là encore son côté Back to the Beach (Boys).
Quant au répertoire, il privilégiait évidemment les titres du dernier album Feel Euphoria mais on a eu droit également à quelques belles reprises, en particulier de Beware of Darkness, à l'humour vocal de Gibberish à un medley de Snow leur dernier concept album très (trop ?) ambitieux avec Neal, et surtout, pour clore, en rappel, à une formidable version de You are the Doorway. Certes, l'élan mystique et la présence de Neal Morse ne sont plus vraiment là, mais le nouveau Beard, s'il se cherche encore un peu, s'est sans doute déjà presque entièrement retrouvé, tant les personnalités des autres membres sont fortes.

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MAGMA EN FUSION

vendredi 17 octobre : MAGMA à la La Cigale

Dans le cadre du "JVC Jazz Festival à Paris", Magma à la Cigale... Rien que de bien normal, somme toute, pour ce groupe qui fut et reste à l'articulation du jazz (Coltrane, Edwin Jo Jones, entre autres) et du rock (tendance metal mystique incantatoire qui préfigurait certaines formes de death/indus/symphonique avec 30 ans d'avance...).
Et puis là, ce soir, après une somptueuse mise en bouche avec la première exécution (enfin après le Nancy Jazz Festival deux jours auparavant) de leur nouvelle trilogie intitulée Ka (le disque va sortir sous peu chez Seventh/Harmonia Mundi), tout à fait dans la lignée de Theusz Hamtaahk ou Kohntarkosz, Stella Vander s'avance sur scène et annonce que le programme prévu initialement a été bouleversé... suite à l'arrivée d'invités imprévus. Et quels invités : Bernard Paganotti à la basse, qui a fait quelque peu vibrer les ors de la Cigale, peu habituée à pareil traitement des infrabasses), et surtout Klaus Blasquiz, le chanteur percussionniste des débuts (1969) jusqu'en 1980, LA voix de Magma (même s'il faut le reconnaître, Antoine Paganotti (le fiston, donc) est désormais un digne successeur).
Et donc, ô joie pour les anciens (dont votre serviteur) et surprise pour les nouveaux - il y en avait, désormais Magma est enfin reconnu comme un "jeune" groupe de Metal et pas seulement un groupe de jazz-rock-fusion pour intellos soixante-huitards (mieux vaut soixante-huitard que jamais), l'on découvre un nouveau Magma ainsi refusionné (sous la forme d'un combo batterie (Vander)-2 basses (Bussonnet/Paganotti)-guitare (MacGaw)-2 claviers (Borghi/Frédéric D'Oelnitz, le bleu de la troupe)-2 chanteurs (Paganotti/Blasquiz)-4 chanteuses/choristes (les habituelles Stella Vander, Isabelle Feuillebois, Himiko Paganotti et Jilie Vander).
Et pour tout ce beau monde, un répertoire florilège (une partie de Theusz Hamtaahk et autres pépites entrecoupées de parties de bœufs jazzy (en particulier un duo de basses), pour finir en rappel triomphal, en hommage à l'une des compositions de Janick Top, le très sublime et toujours inquiétant De Futura...
J'avoue (toujours l'ancien qui parle) m'être retrouvé propulsé d'un quart de siècle en arrière, lors d'un mémorable concert au Théâtre de la Renaissance (avec, parenthèse, Richard Pinhas et Heldon en première partie). Même ambiance de transe, même sensation étrange de chaleur glacial quand le noir complet se fait sur la scène et que montent dans l'obscurité un duo de sirènes au synthé (à l'époque, c'était Janick Top qui œuvrait au Mini-Moog, ponctuées par le martèlement de la basse et des toms.
Faut-il ajouter que (comme toujours avec Vander et ses commandos), la musique est une affaire sérieuse qui se déroule sans interruption (à part deux petites interventions de Stella Vander) pendant 2 heures et demie... trois longs morceaux, quasiment enchaînés, dans une transe permanente.

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LA MORT NOIRE RODE SUR L'ELYSEE
lundi 6 octobre 2003 : NORTHEN, HYPOCRISY, DIMMU BORGIR à l'Elysée

Northen :
 
en ouverture, ce combo finlandais classique (2 guitare, basse 6 cordes, clavier, batterie), oscille entre le death (la voix) et le speed metal (avec le passage obligé par les duels de guitare solo). Dommage que derrière, le clavier soit bien mou et manque d'assurance... On surveillera toutefois leur dernier album Mirror of Madness.
 
Hypocrisy :
 
À propos de clavier, justement, l'an dernier, je notais, pour la tournée correspondant à la sortie de l'album "Catch-22" : Peter Tätdgren et ses deux hypo-acolytes sont passés à quatre pour la tournée (même si les claviers sont toujours sur bande...) et le hardcore/gothique des Suédois passe encore mieux sur scène, sans doute grâce à une énergie plus que communicative. Les claviers sont toujours absents de la scène, mais nos trois headbangers soutenus par une batterie violemment binaire (primaire ? diront les mauvaises langues) assurent toujours un mur sonore classique mais efficace. À noter, en avant-première de la sortie de leur prochain album, on a eu droit à un titre, The Eraser, sinon, rien que du classique.
 
Dimmu Borgir :
 
Deux ans après la sortie de Puritanical Euphoric Misanthropia et la tournée 2001 (voir ici), et la sortie récente (septembre 2003) du nouvel album Death Cult Armageddon, l'actuelle tournée est autant une promotion qu'une anthologie de tout ce que les dark-black-death-metalleux suédois ont fait de bon depuis plus de dix ans... Puisqu'ils n'hésitent pas à piocher jusque dans leurs premiers albums (le 2 et le 3: Enthroned Darkness Triumphant et Spiritual Black Dimension. Et c'est aussi bien, car, avec les années, on voit se construire un véritable bloc musical d'une profonde cohérence mais qui s'enrichit par strates, pour aboutir à ce que l'on pressentait dès le début : Dimmu Borgir est LE groupe phare de la scène black-metal mais avec une richesse qui lui fait largement déborder du genre.
 
Entre les duos de voix death (Shagrath) et claire (Vortex, le bassiste), les textes black (pour la plupart de Silenoz), les synthés nettement gothiques de Mustis (sons d'orgue et voix célestes), et surtout la complexité des compositions (duos de guitare de Silenoz et Galder, venant en break rythmique sur les trames quasiment progs de Mustis, et bien sûr la rythmique profondément hardcore du toujours imposant Nicholas, on pourrait dire que les Suédois balaient large. Mais là, pas de frime pour attirer le chaland (ni maquillage outrancier, ni danseuses nues, ni jongleurs ou serpents, ni artifices pyrotechniques ou divas sopranisantes...), rien qu'une musique brutale et pourtant raffinée, envoûtante par ses envolées presque mystiques et sa rythmique diabolique. On l'aura compris, Dimmu est l'équivalent de Cradle en moins speedé-déjanté, mais ce qu'ils y gagnent en puissance et en sobriété les rend d'autant plus efficaces.

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LE CULT DE LA MAIDENOSTALGIA
Dimanche 5 Octobre 2003 : PAUL DI'ANNO + SNAKE EYE, BRAIN SURGEONS, AMERICAN DOGS à la Loco

Snake Eye :
 
Déjà vus en début d'année, les petits Français ont fait de nets progrès dans leur prestation scénique: les morceaux s'enchaînent désormais sans hésitation, les parties vocales (qui lorgnent toujours du côté de Strato ou Savatage, bien qu'en moins complexe) sont parfaitement en place, les musiciens pensent plus à jouer qu'à "se la" jouer... dommage que le mixage pour le moins compact et saturé de ce début de soirée ne leur rende guère justice et que le résultat soit bien flou. On préfèrera les écouter sur disque.
 
Brain Surgeons :
 
Premier nostalgia trip de cette soirée. L'incontournable, formidable et proprement épatant Brain Surgeons. Ils sont trois (enfin, ne sont plus que trois, depuis le décès de Billy Hilfiger en 2000), ces vrais New-Yorkais des faubourgs, mais à eux trois, ils sont une légende. Qu'on en juge: A la batterie (mais aussi au chant et à la guitare... et parfois les trois à la fois), Albert Bouchard, eh oui, le Bouchard des frères Bouchard du mythique Blue Oyster Cult (qu'on a vu pour la dernière fois à Paris en 95, à l'Elysée), qui peu après avoir quitté le groupe après la sortie de son chef d'œuvre Imaginos, créa ce petit combo, presque pour se marrer... un combo qui depuis des années, écume toutes les boîtes les plus improbables (clubs, auberges, cafés, distilleries ou épiceries) de la côte est à la côte ouest.
 
A la voix (et quelle voix de rauqueuse, mais aussi à la guitare et la basse), Deborah Frost, ex-critique rock intello du New York Times (excusez du peu) et épouse du susnommé. A la basse enfin (mais aussi à la guitare et au chant), l'efficace David Hirschberg. Trois multi-instrumentistes qui jonglent avec leurs instruments, se marrent comme des bosus et alternent les parties (jusqu'à Bouchard qui joue les Mr Tambourine Man et chantant derrière ses fûts, tout en jouant de la guitare et en assurant la grosse caisse et la charley, mais toujours avec un métier et une classe à tomber par terre.
 
À leur répertoire, du boogie-hard-rock diablement efficace, des trios de guitare étourdissants, des harmonies vocales impeccables, avec en avant la voix de Deborah, genre Kim Carnes ou Bonnie Tyler mais version NY-trashy), et après quelques extraits de leurs albums qui mêlent titres originaux (Tattoed Vampire ou State of Emergency, un titre de leur dernier Beach Party), reprises du Cult (Astronomy, Cities on Flame), et au finale, en bouquet, le fabuleux et endiablé Godzilla ("Go... go... Godzilla !) où, comme au bon vieux, temps, AB coiffa pour l'occasion la tête du gentil Casimir vert nippon, devenu pour un temps le second emblème du Cult après sa croix crochée symbole du Dieu Saturne...
 
American Dogs :
 
Un trio classique très sud profond. Même si le bassiste chanteur a une guitare marquée Motörhead (du reste, au finale, on aura droit à une reprise de Lemmy), c'est du côté de ZZ-Top, voire Lynyrd Skynyrd qu'il faut chercher l'inspiration des trois Américains. C'est du boogie-rock bien gras, qui frôle parfois la country-hardisée (ça existe, ça ? Je sais pas, j'invente), avec comme archétype leur morceau-culte, qui est presque une chanson à boire, sinon un programme : "I don't remember, I drank too much". Bref, un petit côté Freak Kitchen, mais avec au menu, des Fajitas et du poulet maïs arrosé de Jack Daniel's.
 
Paul Di'Anno :
 
Plus de vingt ans qu'on ne l'avait revu, la première "voix" de Maiden. ("prochain rendez-vous : 2020... Enfin, on sera tous morts, j'espère !", annonce le larron en fin de set). On l'attendait au tournant, avec un peu de crainte. C'est qu'en 20 ans, la voix rauque mais le jeu de scène inexistant (surtout comparé au lutin bondissant Dickinson) allaient donner quoi... Un fantôme remake arthritique d'Ozzy Osbourne et Gene Simmons... ?) Surprise. Le bonhomme a forci, et avec son crâne chauve et ses piercings, il est devenu une sorte de sosie de Bruce Willis anabolisé et nettement hardcore punkisé. Mais par de là l'aspect (somme toute anecdotique, mais s'il revendique haut et fort, et le répète, qu'il est et a toujours été punk... d'où sans doute le Clash après albums), la voix est restée, avec encore plus de coffre, de chaleur et d'ampleur, n'hésitant pas à titiller le registre death et en tout cas hardcore).
 
Les morceaux sont à l'avenant, Et cette fois, Di'Anno s'affirme en vrai leader qui tire sa formation (bon, d'accord, ils ont quinze ou vingt ans de moins que lui...) et l'amène sur son registre, celui d'un punk-rock hardcore parfaitement carré (et même speedé). Le bassiste et les guitaristes ne peuvent pas s'empêcher de prendre les postures maison (manche vertical et pied sur les retours, comme Harris, Murray et Smith) surtout lors des quelques reprises de Maiden... À propos de reprises justement, celles-ci sont passées à la moulinette hardcore-punk (surtout Sanctuary, dans une version "Never Mind the Bollocks" (sic) quasiment méconnaissable...) qui leur redonne une étonnante jeunesse (idem avec Killers en entrée ou Running Free au finale). Mais cela n'empêche pas Di'Anno de rendre hommage à Steve Harris en jouant aussi une de ses compositions les plus "Maidenesque" (par sa complexité), à savoir Strange World, que (dixit toujours PdA) "le man a dû écrire sous acide... Je déteste ce mec... non, je blague, c'est un formidable musicien". Dont acte. Paul Di'Anno a réglé ses comptes avec Iron Maiden et désormais il s'amuse (sic encore) "à faire du rock sympa, sans jouer les superstars". Il a promis de revenir l'an prochain. On y sera.

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ED SE FAIT BERCY
mercredi 25 juin : IRON MAIDEN (et MURDERDOLLS) à Bercy
On passera rapidement sur la première partie, avec Murderdolls, groupe de punk-black metal fortement inspiré de CoF et Marilyn Manson mais qui croit qu'il suffit de répéter FUCK, de l'écrire et de le décliner sur des titres ou des paroles de chansons pour être 'achement provocateur.

En revanche, malgré bientôt vingt-cinq ans de carrière (avec toujours aux commandes deux des membres fondateurs : Dave Murray et THE bass player, Steve Harris), Iron Maiden ne prend pas de rides et semblerait même avoir repris un coup de jeune depuis la sortie de Brave New World. Le nouvel album (Dance of Death qui sort le 5 septembre) suit la même veine de son à la fois riche, travaillé mais direct. On en a eu un aperçu avec le premier titre Wildest Dreams, en attendant la suite de la tournée consacrée à sa promotion (avec déjà prévu, un nouveau concert en novembre, toujours à Bercy).
Mais en attendant, en guise d'échauffement, nos 6 fiancés de la dame de fer nous ont offert un petit panorama nostalgie (avec pas mal de titres anciens, souvent oubliés des dernières tournées (comme Bring your Daughter to the Slaughter) et les incontournables, de Number of the Beast et The Trooper dès l'ouverture à Iron Maiden ou Hallowed be thy Name (dans une version longue et riche en guitares) en passant par des titres plus récents comme Clansman The Wicker Man ou Brave New World. Un Bruce Dickinson encore plus bondissant que d'habitude et visiblement de fort belle humeur (et fort loquace et en français, s'il vous plaît...) entouré de musiciens visiblement en aussi grande forme, d'aussi belle humeur (Nicko le premier, évidemment) et tout aussi bondissants que lui (même Steve Harris... et presque Dave Murray, quant à Janick Gers, il s'est permis quelques solos de guitare, histoire de rappeler à Adrian Smith qu'il est toujours là...). C'est que, question guitares, ce soir, on était à la fête. La balance les mettait particulièrement en valeur, ce qui a permis de découvrir de nouveaux solos et de se convaincre une fois encore (si c'était nécessaire) que Maiden est LE groupe de hard-rock mélodique de ces vingt dernières années, ce qui s'entend particulièrement quand la formation, depuis désormais quatre ans, s'est fixée avec trois guitares et une basse. Même s'il ne passe pas sur les radios de "pop internationale" comme dit Bruce, avec ses titres complexes et souvent longs de dix minutes, Maiden remplit toujours les salles et comble d'aise ses fidèles.



Photos et extraits vidéo à visionner et télécharger
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CAMEMBERT & SAKÉ
11 juin 2003 : Daevid Allen - Guru & Zero au Triton

C'est un avatar de Gong sérieusement déglingué que Daevid Allen (65 ans cette année...) offrait aux pot-head pixies, avec la complicité (en invité-surprise) de son vieux pote Didier "Bloomdido" Malherbe aux anches, ocarina, scat et autres mises en bouche: un duo/trio/quatuor/quintette avec trois jeunes Japonais sérieusement frappés. Ceux du groupe AMT (Acid Mothers Temple Soul Collective. Amateurs de fluides ambiances à la Kitaro ou Sakamoto, passez votre chemin, nous sommes ici en présence d'un free-jazz-rock plus noisy industriel que psychédélique. Même si les trois Nippons - Kawabata Makoto, Cotton Casino et Hirogashi Hiroshi - à savoir, un guitariste/effets/avec archet, deux claviers Roland dont un titubant et sérieusement bourré à la bière (le claviériste, quoique son clavier, peut-être aussi) se réclament d'une tradition contemplative et méditative, du Yin-Yang et des cinq éléments, on songe à les écouter plutôt aux Espaces Inhabitables de François Bayle ou aux expériences les plus extrêmes du rock industriel...(les 3 Nippons sont Bref, assez loin des nappes planantes et glissandos de guitare auxquels nous avaient habitués le Gong et ses variations. Comme l'a expliqué Daevid Allen, il s'agissait de guitaristes (lui compris) qui jouaient de la guitare autrement pour faire des sons autres (comme avec un synthé mais en plus expressif et surtout, en non programmé: premier élément du concert, donc, l'aspect improvisé et spontané) mais aussi sous une forme brute (en tout cas, simple, voire simpliste...), donc avec une grande économie de moyens. D'où (second aspect du concert), une musique à la fois intense et bruyante (bruitiste), mais aussi quasi-minimaliste: usage permanent de la réverb et de l'écho en boucles sur les voix (scats, borborygmes, onomatopées...) et les instruments (construction de boucles rythmiques en arpèges superposées ou en "événements" improvisés: le frottement de la veste de Daevid Allen sur les cordes, par exemple), créant des tournes "aléatoires" sur lesquelles se bâtit progressivement une architecture sinon mélodique du moins rythmique... Là-dessus, des pédales d'effet, et les synthés utilisés presque exclusivement de panière non mélodique (bruits blancs et roses, filtres presque systématiquement utilisés en résonance, portamento remplaçant le clavier de toute façon utilisé quasiment sur un mode percussif...
Bref, on l'aura compris, cela a vite tourné en rond et n'eût été les interventions de Didier Malherbe, certes free mais un minimum mélodique (du fait de ses instruments, même si, à un moment, Daevid Allen a repris le son au micro pour le torturer aux pédales), ce furent un peu plus de deux heures en fin de compte assez éprouvante et guère imaginatives, hélas: tout ce qui a été entendu ce soir avait déjà été entendu cent fois, au studio de recherches musicales de la RTF dans les années 50, sur la côte Est américaine (puis la côte ouest) dans les années 60, à Düsseldorf au tout début des années 70 voire chez certains punks britanniques et nippons à la même époque... Dans un registre assez analogue, les expérimentations et réalisations d'un Mike Patton avec Mr Bungle ou Maldoror sont d'une autre richesse (et d'une énergie bien plus constructive).
Pour ma part, je préfère garder le souvenir du Gong tel que passé l'an dernier au New Morning...

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OFFERING
DU 21 au 25 mai : Christian Vander et Offering au Triton

Offering En 1983, Christian Vander créé Offering, une alternative jazz-rock-fusion à Magma, conçue comme un hommage éternellement vivant à John Coltrane. Le groupe enregistre trois albums et se produit pendant 10 ans. Le voici reformé à l'occasion de la réédition de ces albums avec un bonus de 34 minutes (le disque est sorti le 25 avril), pour cinq concerts donnés dans la chaleureuse petite salle du Triton, dans le cadre des Tritonales.
 
Autour des "anciens", à savoir la section vocale/chœurs : Christian et Stella Vander, Isabelle Feuillebois et du clavier électronique Emmanuel Borghi, Vander a reformé le groupe avec Frédéric D'Oelsnitz au piano, Philippe Dardelle à la contrebasse, François Causse aux percussions et Yoann Serra à la batterie. Avec pour chaque concert, chaque soir, un ou une invité(e) surprise. Hier jeudi, c'était Julie Vander (qui incidemment, avec les autres "Magma" Isabelle Feuillebois et Claude Lamamy plus Jad Ayache a créé Ad Vitam également au Triton le 27 mai).
Et avec ces petits nouveaux, la magie de l'Offering d'antan (celui du concert au Dejazet en 87, par exemple...) se renouvelle, toujours aussi prégnante. Si CV ne fait qu'un bref passage derrière les fûts, en tout début de set (mais Yoann Serra a toute l'énergie voulue pour le remplacer), il se montre comme toujours un prodigieux chanteur inspiré à l'incroyable tessiture, de la basse au contre-ut pour nous faire une démonstration de scat-anglais-français-kobaïen, recréant par son seul organe les accents de sax de Coltrane... Car c'est bien le prodigieux paradoxe (ou défi ?) d'Offering, en tout cas, sa finesse et son tact, d'être une formation d'hommage à Coltrane sans une seule note de sax.
 
Mais dès les premières notes, l'envoûtement (la transe ? en tout cas la passion), pareils à ceux créés par Magma, est là et bien là et ne va plus quitter la salle, trois heures durant. Mélopées hypnotiques, rythmiques fracassantes mais aussi break déliés, voix des chœurs et voix du cœur, solos inspirés et chorus soudés, l'éternel miracle d'une véritable résurrection musicale est là.
En fin de première partie, les deux claviers nous ont offert, en hommage au pianiste Michel Grailler récemment disparu, une de ses compositions (Auroville) jouée en duo, puis, dès la reprise, nouvelle performance vocale de Vander, et surtout, superbe et magistral, ce morceau de bravoure entamé par le désormais fameux "Once upon a Time" sussuré par Stella : la longue suite "Another Day".
 
Another Day : plus de quarante-cinq minutes de bonheur et de richesse ininterrompues, sans doute le plus beau morceau composé par Vander. Un hommage à Coltrane qui se lit presque comme une histoire de la musique... Il y a là-dedans en effet du Requiem de Berlioz, mais aussi de Britten, des accents de Penderecki et de Carl Orff (les chœurs si kobaïens, bien entendu), mais aussi les fanfares du Sacre de Stravinsky qui s'enchaînent sur une base feutrée de mélodies de Debussy ou Fauré, et bien sûr, cette base jazzy (et là aussi, comme une histoire du jazz où l'on croit entendre aussi la trompette de Miles, qui débouche bien entendu sur le free-jazz de John), ponctuée de solos (percussion, batterie), avant un éternel retour (leitmotiv wagnérien) des chœurs, toujours ces chœurs hypnotiques et pénétrants, entre la voix gutturale croisée de cris séraphiques de Vander et les envolées de Stella, Isabelle et Julie (invitée d'un soir), sans oublier Yoann quittant les fûts pour tenir le rôle de contrepoint vocal.
 
En finale, un retour choral qui évoquerait presque les Voix de Magma (le groupe de Stella Vander)... Comme le dit l'un de leurs titres : «C'est pour nous». Ce soir, le public en était conscient qui a écouté le concert dans un silence respectueux proche de la transe avant de faire un triomphe mérité aux neuf musiciens et choristes.
 
Dimanche soir : concert encore plus chaleureux, trois heures et quart de pur bonheur, avec une interprétation d'Another Day encore plus fervente... Ce dernier concert a été enregistré en vidéo. Peut-être bientôt un DVD live au Triton ?

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DEMAIN, 3D à 4 MAINS
samedi 26 avril : Yvan Marec et Mickey 3d à l'Elysée

YvanMarc Trois heures de bonheur chaleureux... En ouverture, des copains des Stéphanois, Yvan Marec et ses potes "Ceux qui jouent assis" (c'est le nom officieux du groupe, parce qu'ils jouent assis. Justement. Et qu'ils font, dans presque tous leurs titres, l'éloge de la paresse). Les copains : Aurélien aux percus, basse, batterie,et Pascal, à la guitare et parfois la basse. Yvan-Marc, gaucher mais loin d'être un manche, se charge du chant et la guitare amplifiée. Les chansons : de petits bijoux doux-amers, entre rêverie Nery et cabaret potache. Ca paraît tout bête, ça reste dans l'oreille et ça n'en sort plus..? y compris des maximes comme "Aime ton prochain comme ta bagnole" ou "Il ne faut jamais remettre à deux mains ce qu'on a enlevé avec quatre". Mais il y a aussi des chansons tendres comme La Cuisine et son petit refrain doux-amer: "Mais ce n'est pas bien grave/Je suis heureux quand même/Parce que je t'aime". L'ami Mickey vient les aider sur leur disque, sur scène, ils ont droit aux éclairages et à l'habillage visuel efficace et discret de Pascal Colomb (un autre pote de la bande stéphanoise).Ils ont autoproduit un CD. On peut cliquer dessus pour se le procurer.
Sauf erreur de ma part, c'était leur première grande salle à Paris. Et les trois Stéphanois entournant désormais Mickey, au bout de trois disques et demi (si l'on compte le single remix "Ma Grand-mère") se révèlent en plus d'un original groupe de studio aux arrangements dépouillés, presque zen, un étonnant groupe de scène qui alterne avec une maestria rare les climats techno-pop qui ont fait une partie de leurs succès (Jeudi pop pop, entre Taxi-Girl et Niagara avec son entêtant "On ira au cinéma, à la piscine ou au ciné..."), les balades acoustiques (guitare seule ou guitare accordéon) nostalgiques, ambiance Pigalle, comme Ma grand-mère ou Chanson de rien du tout avec des titres franchement rock, voire carrément hardcore... avant de revenir à ambiances world-arabisantes (le superbe Yalil avec la voix de Najah, qui assure en même temps incroyablement aux claviers, loops et rythmes électroniques),mais toujours avec ce mélange étonnant (et diablement efficace) de fausses chansonnettes ritournelles de trois sous (et même de rien du tout) - (Tu vas pas mourir de rire - et de textes profonds sinon désespérés (Mimoun, fils de harki, chanté en premier rappel, le cynique La France a peur de leur premier disque Mistrigri Torture,ou le désenchanté les gens raisonnables du dernier album, avec, toujours, de nouveau en alternance des séquences de funk-rock hardcore, pour finir sur le superbe Amen sur la scène au noir, avec quelques faisceaux en fond contre le rideau... Ah si, quand même, petit bonbon, second rappel pour une salle acquise et comblée : une reprise de Billy Jean,parce que comme ils disent "on aime les Américains...quand ils font de la musique" (et pas "quand ils tirent sur les petits Irakiens"
Pour ceux qui les ont ratés, ils seront en juillet au festival Solidays...

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COMPTES RENDUS EN COURS...
date : Pour cause de surcharge de boulot, les notes concernant ces concerts sont quelque peu expéditives... (:-{{


lundi 31 mars :SEPULTURA
La Boule noire

Une boîte de Pigalle, deux cents places à tout casser, pour accueillir dans une ambiance torride, LE groupe de thrash-death metal brésilien qui depuis 15 ans joue devant des stades de 100000 personnes. En mini-tournée pour la sortie de leur nouvel album (Nation), il ne fallait surtout pas le manquer ! Concert bref (une heure et quart) mais intense, qui permit encore une fois de se rendre compte que le groupe a retrouvé une homogénéité et su renouveler sa palette musicale, surtout grâce à Derrick Green, le chanteur new-yorkais qui a remplacé naguère Max Cavalera. Celui-ci en effet possède une tessiture vocale (presque) comparable à celle de Mike Patton. Une voix capable d'alterner avec mastria intonations death, rap ou claires du métal mélodique. Un titre en est l'exemple : More of the Same, avec cette phrase presque symbolique "The words are clear for those who care. We care a lot, men !
dimanche 23 mars : TAPPING THE VEIN - WITHIN TEMPTATION - PARADISE LOST
Retour du métal gothique et mélancolique à l'Elysée Montmartre. Des titres anciens, les nouveautés du dernier album, avec surtout (en rappel), cette sublissime version du Small Town Boy de Jimmy Sommerville (du temps de Bronski Beat).

samedi 22 mars : DIDIER "BLOOMDIDO" MALHERBE QUARTET
bref, le trio Hadouk du sax/flûtiste de GONG, plus PATRICE MEYER (encore et toujours !) aux guitares
et comme toujours, au Triton !
jeudi 13 mars : HUGH HOPPER FRANGLO BAND
THE bassist de SOFT MACHINE avec son groupe FRANGLAIS :-D, dont PATRICE MEYER aux guitares
Au Triton, bien sûr !
ceux qui l'ont raté peuvent remettre ça le 22 mars : Didier Malherbe (qui est venu faire une apparition en fin de set) sera là, de nouveau accompagné de Patrice Meyer. Enfin, Hugh Hopper, son vieux pote Elton Dean (de Soft Machine), mais aussi Pip Pyle et Daevid Allen (de Gong, mais aussi de Soft Machine, à ses débuts) viendront également faire la fête au Triton en mai et juin dans le cadre des Tritonales :-)))... accompagnés de Christian Vander qui reconstitue Offering pour l'occasion. Que de bonnes nouvelles et du beau linge.

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LA VACHE FOLLE SUEDOISE EST DE RETOUR...
dimanche 9 mars 2003 : Freak Kitchen à la Loco

Passons très vite sur Snake Eye, groupe de hard mélodique qui après un début power-metal gentiment bourrin a vité glissé dans une soupe hard-pop vaguement prog. Prometteur sur disque, les 5 Français ont encore du travail à faire pour assurer une prestation carrée sur scène et des enchaînements moins approximatifs. Le guitariste rythmique aura par ailleurs intérêt à moins prendre des poses à la Joe DiMaio et à plus surveiller son jeu de cordes.




Mais bien vite, le délire grave a envahi la salle avec les 3 joyeux décérébrés de Göteborg (Suède), accompagnés de leur mascotte The "La Vache" en personne. Avec les accessoires habituels, vibromasseurs (encore plus nombreux que la dernière fois) téléphones, fleurs artificielles, petits chapeaux ridicules et onomatopées du guitariste chanteur (Goodie-goodie-thank-you-thank-you-Edith-Piaf-Patrick-Juvet-vive-la-France!)... Sous des dehors 'pataphysiques, un groupe de hardcore-fusion entre Frank (ou plutôt Dweezil) Zappa et Suicidal Tendencies. Trois formidables musiciens (+ une brève apparition d'un invité guitariste américain) pour deux heures d'humour et de virtuosité débridée : Goodie-goodie ! En prime des compliments pour la France et les Français les seuls du "Western Hemisphere" à oser s'opposer à George Fucking ass Bush à qui ils ont bien entendu dédié Hateful Little People

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HYSTERIA PARTY
vendredi 31 janvier 22h à samedi 1er février... 5h : MARC CERRONE
invités : MOUSSE-T, SPILLER & GREG CERRONE à l'OLYMPIA








7 heures de techno-disco marathon nocturne pour ce concert-concept avec Marc Cerrone et ses complices. Cerrone est ce loser sublime injustement décrié et finalement méconnu (on se souvient du flop relatif qu'avait été le concert-concept du Trocadéro, fin 1988... À l'époque, le sublime spectacle "The Collector" n'avait recueilli (sous la pluie, on était le 16 septembre 88 et j'y étais) que 120 000 spectateurs (quand même !) sur les 500 000 prévus... Et n'oublions pas les sourires narquois qui accompagnent si souvent la mention du petit batteur de Vitry-sur-Seine quand c'est - mine de rien - quasiment l'inventeur de la disco, à la fin des années 70 et qu'il a travaillé, en studio ou en coproduction avec des pointures comme Michael Jackson, David Bowie, Art of Noise, Chic, Lene Lovitch, Quincy Jones, Earth, Wind and Fire, Diana Ross... ou aujourd'hui Bob Sinclar, car la scène techno contemporaine a enfin découvert l'apport essentiel de ce compositeur producteur multi-instrumentiste habitué des méga-spectacles à la Jean-Michel Jarre (Le Collector, entre autres, qui connut plus le succès dans la baie de Tokyo qu'à Paris...), des mégaproductions discographiques et des hits absolus à ses débuts...
dvd Cerrone Olympia Ce soir, comme il y a deux ans, Cerrone avait transformé l'Olympia en gigantesque boîte disco-techno, avec quelques centaines de gamelles de 2 kw (ça chauffe !), un écran géant, 6 écrans à plasma, des projecteurs, fumigènes et canons à confettis répartis dans et au-dessus de la salle, des caméras partout... et trois disc-jockeys pour encadrer son show, Spiller qui assura l'ouverture - avec quelques break beats originaux, un son presque hard-core malgré parfois quelques tunnels... puis Mousse-T, plus calme mais avec un son plus jungle crum & bass, en sandwich entre les deux parties du show, et finalement Greg Cerrone, l'un des fils du maître, pour assurer (avec finesse et qualité) le chill-out, - en plus de l'accompagnement du spectacle paternel proprement dit, des arrangements et de l'habillage sonore des concerts et désormais des disques... Crédité de « sound designer », le terme lui colle à merveille.
 


Le spectacle : un mix des classiques - De Supernature à Love in C Minor en passant par les titres du nouvel album Hysteria ( The Only One, Love on the Dance Floor, Gonna Get You), au climat nettement techno-funky, sans oublier des incontournables de la disco-danse comme une reprise de le freak, c'est Chic joué avec des musiciens invités comme Nile Rodgers, le guitariste de Chic, justement, ou Bob Mitchell (pour les vocaux, sur Hysteria notamment)... À propos de musiciens, Cerrone, comme toujours timidement presque caché derrière ses fûts et ses fameux roto-toms, s'était entouré d'une formation presque entièrement "acoustique" : trois choristes (les «Cerrone Angels», deux percussionnistes (Serge Tonini et Norbert Journo, ses complices habituels de «Kongas» son tout premier groupe), et un groupe de quatre joueurs de bongos assez exceptionnels (avec qui il joua quasiment exclusivement en duo dans la deuxième partie, plus deux platines pour les samples et les play-backs de claviers... Le résultat fut percutant. Juste un regret, que son propre set, pris en sandwich entre les DJ n'ait pas duré plus longtemps, mais tenir trois heures en continu derrière ses fûts, en live, c'est une performance de batteur de hard-rock et sûrement pas d'un jeune techno-man pianotant sur ses boîtes à rythme... À presque 60 ans, chapeau l'artiste ! Allez, Marc, on te pardonnera même ton brushing labellisé Jean-Claude Biguine, tellement ça groove.
 
En septembre 2003, un DVD de ce concert (auquel s'ajoute le CD live) est paru chez Malligator.

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CES SUEDOIS SONT UN PEU MARTEAU ;-D
mardi 14 janvier 2003 : Hammerfall, Masterplan et Nostradameus à l'Elysée Montmartre









Nostradameus, déjà vu fin 2001 pour un festival "rock nordique"(cliquer), avait été remarqué pour le jeu inventif d'un batteur qui n'hésitait pas à sortir des clichés du genre (à savoir double batterie à fond la caisse)... Ce soir, légère déception, pour leur deuxième album, les jeunes Suédois sont rentrés dans le rang du mainstream. Si l'on y rajoute une balance "de 1re partie" desservant le chanteur et un son faiblard... passons.


Masterplan : Entre deux tranches de Wasa suédois, de la bonne charcuterie teutonne, pourrait-on dire, puisqu'il s'agit de vieux de la vieille qui se réunissent à nouveau pour former un supergroupe, émanation d'Helloween (tout comme tant d'autres projets de l'écurie Kaï Hansen), avec donc l'incontournable Roland Grapow (déjà vu avec son groupe en première partie de Savatage, il y a deux ans) et le batteur Uli Kusch, accompagnés du chanteur Jorn Lande, avec sa voix puissante et rocailleuse. Le résultat est un étonnant groupe de hard-revival aux envolées mélodiques et harmoniques qui font sérieusement songer au Bowie ou au Genesis de la grande époque (début 70...). Si l'on y ajoute qu'ils ont sorti une sorte de concept-album éponyme et que les claviers (Axel Mastenrott) y tiennent une grande place avec denombreux dialogues piano-guitare, et qu'on cite les titres : Enlighten Me, Heroes, Soulburn, Spirit Never Die, Crawl from Hell, on voit que ces fils d'Helloween reviennent allégrement aux sources du genre. Avec talent, du reste. Mais évidemment, en-dehors d'une quasi-intégrale du nouvel (et premier) album, ils nous ont quand même offert quelques classiques historiques comme Monsters & Demons, ne serait-ce que pour prouver que Grapow est un grand de la guitare, Kusch un grand batteur et surtout Lande une voix mémorable.


Hammerfall : étonnant parcours que celui du groupe formé par l'ex-guitariste du groupe death Ceremonial l'imposant colosse Oath Oskar Dronjak. Désormais aussi connu pour son heavy metal puissant et mélodique (entre Maiden et Helloween avec une touche de Judas Priest) que pour ses prestations pyrotechniques, Hammerfall n'était au début qu'un simple projet annexe regroupant des membres d'In Flames, Crystal Age et Dark Tranquillity, destiné à jouer deux ou trois fois par an et participer à un concours local... On sait ce qu'il en est advenu. Ils ne viennent pas si souvent que cela en France. C'est donc une occasion à ne pas manquer, d'autant que leur dernier album, Crimson Thunder avec l'ultime line-up (Joacim Cans au chant, Stefan Elmgren aux guitares, Magnus Rosén à la basse et Anders Johansson aux drums) est un petit joyau.
Sur scène, si les lieux (la salle de l'Elysée Montmartre) ne permettaient guère les épanchements pyrothechniques - on n'eut donc droit qu'aux fumigènes, en abondance -, le reste de la prestation fut largement à la hauteur. De The Way of the Warriors à Renegade en passant par Glory to the Brave, Mighty Warriors et bien sûr Hammerfall, Crimson Thunder ou Steel to Steel, une heure quarante de panorama de sept ans de carrière, toutefois centrés sur leur dernier album. Entre Magnus qui se prend réellement pour un clone de Steve Harris (on peut choisir de plus mauvais modèles), jusque dans le jeu en slap, les jeux de scène et le choix d'un son de basse acide qui claque, Anders qui bat Mike Portnoy et Cerrone réunis avec un set de sextuple grosse caisse !!! mais surtout les deux guitaristes qui rivalisent avec leur compatriote Malmsteen (avec tous les doigts mais sans la grosse tête) et enfin et surtout là aussi, un chanteur d'exception, Hammerfall a réussi sans peine un sans faute pour son (seulement) deuxième passage en France.



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